DOSSIER
SUR LE COURONNEMENT IMPERIAL DE CHARLEMAGNE
Lettre
d'Alciun à Charles (juin 799)
L'auteur
est Alciun. Il est élevé à l'école de l'église de York dont il
devient le dirigeant en 766. Puis en 781, Charles (Charlemagne)
l'invite à diriger l'école du palais. Il devient ainsi un des
conseillers les plus influents de Charlemagne. En 796, il obtient
l'abbatiat de Saint-Martin de Tours dont il fait l'un des scriptoria,
atelier de copies, les plus important de tout l'empire franc. Il est
l'auteur de nombreuses œuvres de nature très diverses (lettres,
réflexions, manuscrits liturgiques…). Sa plus grande œuvre est la
révision de la Bible et l'exégèse de plusieurs livres.
L'importance de Alciun repose sur l'influence qu'il exerce à la cour
de Charlemagne lui donnant alors la possibilité d'intervenir dans
tous les domaines. (L'Europe
carolingienne (714-888),
BÜHRER-THIERRY)
Dans
cette lettre, Alciun félicite élogieusement Charlemagne pour son
couronnement impérial en lui affirmant
que des trois puissances au-dessus des hommes grâce à Dieu soit
l'apôtre Pierre, Jésus Christ et l'empereur, il est le seul à ne
pas avoir failli.
L'expédition
en Italie et le couronnement d'après les Annales royales
Les
Annales royales, appelées également Annales regni Francorum,
est un ouvrage historique de la période carolingienne allant de 741
à 829. ils ont probablement été élaboré par plusieurs auteurs
successifs. Cependant, les historiens s’accorde sur le fait que la
section de 741-788 a été écrite par le même auteur certainement
un lettré ou scribe de la cour de Charlemagne. La suite de l'oeuvre
est faite de successions de sections ajoutés au fil des années par
plusieurs auteur. Cependant la dernière section soit 820-829 est à
nouveau de la plume d'un même auteur, peut être Hildiun de
Saint-Denis.
(Wikipédia,
article « Annales
regni Francorum »)
Ce
passage raconte l'expédition de Charlemagne à Rome. Tout d’abord,
en débutant par Ravenne et Bénévent que l'armée pille. Le pape
Léon décide alors de prendre les devants et de se rendre à
Nomentum afin de rencontrer le roi. Le 24 décembre 800, Charlemagne
réunit une assemblée afin d'expliquer les causes de sa venue à
Rome notamment d'affirmer ou infirmer les accusations contre le pape.
Sans preuves, le pape Léon est disculpé et couronne Charlemagne
empereur dans la tradition romaine.
Le
couronnement d'après le Liber pontificalis
Le
Liber pontificalis est une chronique de tous les papes et
évêques de Rome racontant une suite de biographies des différents
pape dans l'ordre chronologique des origines de l’Église de Rome
jusqu'au IXe siècle. On y retrouve les années d'épiscopat de
chaque pape, leur origines, les empereur ayant régné en même temps
qu'eux, leur politique, les circonstances de leur mort… Cet ouvrage
semble être à l’origine de plusieurs clercs de la cour
pontificale. Ici, Le couronnement de Charlemagne est raconté sous
l'épiscopat du pape Léon III.
(Wikipédia, article « Liber
pontificalis »)
Cet
extrait du Liber pontificalis
raconte le couronnement de Charlemagne à Rome le 25 décembre 800 où
il reçoit la couronne impériale des mains du pape Léon. Ensuite,
il est rapporté que les Romains acclamèrent le nouvel empereur puis
est raconté l'onction de ce dernier dans la Basilique Saint-Pierre.
Le
couronnement d'après Eginhard
Eginhard
est né ver 775 dans une famille aristocrate des bords du Rhin. Il
est éduqué au monastère de Fulda puis à partir de 791/792, à la
cour de Charlemagne. C'est ce que l'on nomme un « nutritus
du palais royal ». Afin de remercier Charlemagne pour son
hospitalité, il rédige une biographie de Charlemagne à la fin de
sa vie. Il est rapidement remarqué par Alciun pour sa maîtrise du
latin, il devient le « conseiller littéraire » de
l'empereur Charles puis sous le règne de Louis Le Pieux, il obtient
le titre de secrétaire particulier du souverain. En 826, il se
retire dans le monastère de Seligenstadt. Son œuvre, intitulée la
Vie de Charlemagne a été rédigé après le règne de ce dernier.
Elle nous offre des informations sur la fin de la suprématie des
Mérovingiens mais également sur les pouvoirs grandissants des
maires du palais. Sur le modèle de Suétone, il s'efforce de
démontrer que l'empereur Charles soutient le monde romains mais
également qu'il a su unifier l'empire autour de lui.
(L'Europe
carolingienne (714-888),
BÜHRER-THIERRY)
Ce
passage de la Vie de Charlemagne selon Eginhard raconte les
circonstances du couronnement de Charlemagne où
ce dernier se rend afin de
rétablir l'ordre suit aux nombreuses accusations contre le pape
Léon. Lors de ce voyage, il reçoit le titre d'empereur et donc
d'Auguste ce qui attire le mécontentement des empereurs romains
qu'il parvient finalement convaincre grâce à de nombreuses
ambassades.
Sources :
-
1 lettre
-
3 sources narratives historiographiques : 2 sources
officielles + 1 source littéraire biographique
Ces
4 documents présentent des éclairages différents sur un même
événement et ils ne sont pas des documents neutres
car ils ont chacun un rôle idéologique dans la propagande.
Ils
permettent de comprendre les raisons et les étapes du voyage de
Charlemagne en Italie
Contexte :
-
apogée de la dynastie des carolingiens
-
expansion du royaume des Francs en 711
-
Charlemagne contrôle l'ensemble
des territoires des Chrétiens d'Occident → suprématie qui
appel à la consécration d'un nouveau terme → mouvement
d'idéologique en faveur du retour de l'empire (surtout avec Alciun)
-
origine des Carolingiens : Arnoul et Pépin vont marier
leurs enfants
Quels
sont les rapports entre le pouvoir temporaire et spirituel ?
Comment, en s'octroyant le droit de créer le pouvoir impérial, le
Pape réussit à raffermir son propre pouvoir qui alors est
contesté ? En créant ce pouvoir, il instaure ainsi un lien
indissoluble entre l’Église et l'Empire.
I)
Charlemagne en Italie : le pouvoir franc au secours du Pape
1.
la crise de la papauté (texte A, B et D)
B :
« les affaire…….Italie……...accusations portées contre
le Pape »
-
LEON III (795-816) est issu de la petite aristocratie au service des Papes.
-
Depuis son élection → mépris des grandes familles de l'aristocratie romaine.
-
Graves accusations
A :
le 25
avril 799, ces
adversaires le destitue par la violence
D :
en réalité, Léon III ne semble pas avoir subi de violences même
si l'aristocratie le souhaite.
(si
aveugle alors impossibilité de gouverner)
-
Léon III est enfermé dans un couvent
-
il fait appel aux francs par l'intermédiaire de personnages capables d'avertir Charlemagne
-
pourquoi les Francs ?
-
Impuissance byzantine : Italie est sous le contrôle de Byzance dont dépend Rome et le Lacium mais cette tutelle est relativement éloignée → indépendance de Rome mais elle est menacée par les lombards et Byzance ne peut pas intervenir.
-
depuis CHARLES MARTEL, il existe une tradition pontificale de l'appel des Francs
-
en 739 : le Pape GRÉGOIRE III fait appel à CHARLES MARTEL pour lutter contre les lombards mais cela ne fonctionne pas car alliance entre Charlemagne et les lombards
-
en 754 : Pape ETIENNE II + PEPIN LE BREF + contre les lombards → accepte : 2 expéditions victorieuses en 754 et 756 et il donne les conquêtes territoriales à la papauté → Pépin Le Bref est nommé « patrice des romains »
-
en 772 : HADRIEN II + CHARLEMAGNE + contre les lombards → victoire : terres conquises pour la papauté et il en profite pour se faire couronner roi des lombards
-
-
Charlemagne
est en Saxe à Padunorn où il rencontre le Pape et le faire
reconduire à Rome sous escorte
2.
L'expédition franque en Italie
754 :
expédition de Pépin avec Charlemagne contre le
duché de Bénévent
Charlemagne
convoque l'Assemblée générale
à Mayence et y déclare
le départ en Italie pour aider Léon II en automne 800 avec son fils
Charles qui aurait été également sacré roi par le Pape à la
suite du couronnement impériale.
A
Ravenne, son 2e
fils Pépin, roi d'Italie qui a été sacré roi par Hadrien II
organise une expédition militaire contre Bénévent alors tenu par
les Lombards, hostiles à Pépin.
Les
Lombards dominent les duchés méridionaux de Bénévent
et Spolète alors que
l'Italie depuis 774 est aux mains
de Charlemagne qui conserve le titre de roi des Lombards dans sa
titulature impériale.
Pépin
veut réduire les duchés des Lombards en 800 mais le duché parvient
à garder son autonomie malgré le fait qu'il reconnaît l'autorité
de Pépin.
→ venir
en aide à la papauté + extension territoriale
Charlemagne
est accueilli à Nomentum
(=Mentana) en Italie selon les AR avec le Pape Léon III.
-
le pape ne se déplace que pour l'empereur or Charlemagne ne l'est
pas encore
-
l'entrée de Charlemagne dans Rome est solennelle : c'est
une sorte d'anticipation étonnante du statut impérial comme
si à Rome, on lui reconnaissait ce titre avant même qu'il ne l'est.
3.
Charlemagne, une intervention judiciaire
-
Un problème de juridiction
l10
AR : enquête sur les accusations. Comment
un roi peut-il avoir le droit de juger un Pape ? Pour juger un
pape, il faut être un empereur or Charlemagne n'a que le
titre de « patrice des Romains », il est inférieur en
théorie au Pape.
-
Assemblée du 25 décembre 800 et la procédure judiciaire
25/12/800
dans la basilique de saint pierre.
Le Pape doit se disculper des accusations par un serment
purgatoire = serment solennel où on affirme
publiquement son innocence.
→ politique
de compromis
Dans
les droits germaniques : serment seulement quand aucunes
preuves de l'accusation.
Ce
serment est très solennel :
il se fait au niveau de l'anbon*
(= tribune entre la nef et le cœur
de l'église servant aux lectures lithurgiques) et sur les Evangiles
(=invocation de la Trinité) → serment
sacré
→
permet
à Charlemagne de se présenter comme le sauveur et le juge du Pape
II)
L'ascension de Charlemagne : la cérémonie du 25 décembre 800,
un coup politique du Pape ?
1.
Le lieu, le moment et les protagonistes
Basilique
saint-pierre (= le Christ lui confie le pouvoir des
clefs soit celui de lier ou délier = bâtir l’Église
institutionnelle).
Le
pape est considéré comme l'héritier de saint-pierre et donc le
vicaire* du Christ.
Cette
basilique abrite le tombeau de Pierre = « confessions »
(dans les textes)
Le
couronnement a lieu au même endroit que le serment purgatoire.
Aucunes
des sources ne fait état d'accord préalable → initiative du Pape
Noël :
fête religieuse + symbolique : renaissance de l'empire
d'Occident + baptême de Clovis → fondement religieux et politique
protagonistes :
Charlemagne, Léon III et le « peuple
romain » = celui qui élit le roi et les évêques
soit l'aristocratie de Rome, hostile à Léon III
2.
L'inversion du rituel byzantin
-
couronnement par le Pape
-
acclamation par le peuple
-
adoration par le Pape = proskynèse*
différences
entre les AR et LP dans la description de la cérémonie.
-
adoration n'est pas évoquée dans le LP qui suggère une autre
interprétation de l'acclamation des romains
-
les romains acclament Charlemagne car il fait une révérence envers
l’Église et le Pape
selon
la tradition byzantine :
-
acclamation par le peuple
-
couronnement par le Pape
-
adoration par la Pape
A
Byzance, l'acclamation par l'aristocratie et les militaires avant le
couronnement = traces de l'élection du Prince → c'est elle
qui fait l'empereur
L'acclamation
n'a pas de rôle électoral, tout revient au pape
3.
Une nouvelle définition du pouvoir
point
de vue du Pape :
-
met en cause la domination du monde romain par Byzance
-
usurpation du droit de faire/reconnaître un roi
alors que normalement c'est aux mains de l'empereur d'Orient
-
il se fait l'égal de l'empereur d'Orient
point
du vue de Charlemagne
-
impact sur lui-même : empereur chrétien par la volonté de
Dieu et que l’Église et le peuple romain l'ont accepté → il
peut lancer beaucoup de réformes et s'inscrit dans la lignée des
empereurs romains en les imitant
-
empire carolingien = empire terrien qui entérine la fermeture de la
Méditerranée dont le centre est Aix-La-Chapelle en Neustrie.
III)
Charlemagne, empereur malgré lui
1.
la surprise et la colère de Charlemagne
le
jour de Noël, Charlemagne se rend dans la basilique pour fêter la
nativité et non pour recevoir le titre d'empereur.
Selon
Eginhard : sa colère confirme sa surprise → initiative du
Pape
2.
Les raisons de cette colère
-
topos du refus du pouvoir :
Selon
la Vie des Douze Césars de Suétone : les bons empereurs
romains commencent par refusé l'honneur que l'on leur accorde →
image positive
Eginhard
veut gommer l'aspect d'usurpation surtout aux yeux des byzantins en
s'inspirant de Suétone
Par
sa titulature, Charlemagne se présente comme l'héritier des
empereurs romains or l'empereur est toujours vivant.
Quand
Charlemagne transmet son titre à son fils mais en supprimant
celui d'empereur et il lui laisse ceux de patrice et Auguste.
Charlemagne
entame de nombreuses ambassades avec les byzantins notamment
avec une alliance matrimoniale avec IRENE
Rien
ne mentionne des expéditions militaires qui vont avoir lieu en
Dalmatie et Vénétie
-
compléter l'interprétation
colère
de Charlemagne vient de l'inversion des étapes du rituel avec le
renversement des significations
→
conception
particulière du pouvoir = autonomie et validation par le peuple
suite à une victoire militaire. En
le couronnant avant, le pouvoir vient de Dieu
3.
Les allusions et les non-dits
Eginhard
fait allusion à d'autres causes du voyage en Italie
-
AR l10-16 : seule juridiction = impériale donc la promotion
a certainement été annoncé avant
-
Alciun : dignité du roi des Francs >
Pape, empereur or avant la cérémonie donc allusion
Dans
l'église de saint-jean : vitrail représente Charlemagne
recevant des mains de saint-pierre l'étendard symbolique du pouvoir
comme Constantin.
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