vendredi 13 mars 2015

TD Médiévale : DOSSIER SUR LE COURONNEMENT IMPERIALE DE CHARLEMAGNE

DOSSIER SUR LE COURONNEMENT IMPERIAL DE CHARLEMAGNE

Lettre d'Alciun à Charles (juin 799)

L'auteur est Alciun. Il est élevé à l'école de l'église de York dont il devient le dirigeant en 766. Puis en 781, Charles (Charlemagne) l'invite à diriger l'école du palais. Il devient ainsi un des conseillers les plus influents de Charlemagne. En 796, il obtient l'abbatiat de Saint-Martin de Tours dont il fait l'un des scriptoria, atelier de copies, les plus important de tout l'empire franc. Il est l'auteur de nombreuses œuvres de nature très diverses (lettres, réflexions, manuscrits liturgiques…). Sa plus grande œuvre est la révision de la Bible et l'exégèse de plusieurs livres. L'importance de Alciun repose sur l'influence qu'il exerce à la cour de Charlemagne lui donnant alors la possibilité d'intervenir dans tous les domaines. (L'Europe carolingienne (714-888), BÜHRER-THIERRY)

Dans cette lettre, Alciun félicite élogieusement Charlemagne pour son couronnement impérial en lui affirmant que des trois puissances au-dessus des hommes grâce à Dieu soit l'apôtre Pierre, Jésus Christ et l'empereur, il est le seul à ne pas avoir failli.

L'expédition en Italie et le couronnement d'après les Annales royales

Les Annales royales, appelées également Annales regni Francorum, est un ouvrage historique de la période carolingienne allant de 741 à 829. ils ont probablement été élaboré par plusieurs auteurs successifs. Cependant, les historiens s’accorde sur le fait que la section de 741-788 a été écrite par le même auteur certainement un lettré ou scribe de la cour de Charlemagne. La suite de l'oeuvre est faite de successions de sections ajoutés au fil des années par plusieurs auteur. Cependant la dernière section soit 820-829 est à nouveau de la plume d'un même auteur, peut être Hildiun de Saint-Denis.
(Wikipédia, article « Annales regni Francorum »)

Ce passage raconte l'expédition de Charlemagne à Rome. Tout d’abord, en débutant par Ravenne et Bénévent que l'armée pille. Le pape Léon décide alors de prendre les devants et de se rendre à Nomentum afin de rencontrer le roi. Le 24 décembre 800, Charlemagne réunit une assemblée afin d'expliquer les causes de sa venue à Rome notamment d'affirmer ou infirmer les accusations contre le pape. Sans preuves, le pape Léon est disculpé et couronne Charlemagne empereur dans la tradition romaine.
Le couronnement d'après le Liber pontificalis

Le Liber pontificalis est une chronique de tous les papes et évêques de Rome racontant une suite de biographies des différents pape dans l'ordre chronologique des origines de l’Église de Rome jusqu'au IXe siècle. On y retrouve les années d'épiscopat de chaque pape, leur origines, les empereur ayant régné en même temps qu'eux, leur politique, les circonstances de leur mort… Cet ouvrage semble être à l’origine de plusieurs clercs de la cour pontificale. Ici, Le couronnement de Charlemagne est raconté sous l'épiscopat du pape Léon III. (Wikipédia, article « Liber pontificalis »)

Cet extrait du Liber pontificalis raconte le couronnement de Charlemagne à Rome le 25 décembre 800 où il reçoit la couronne impériale des mains du pape Léon. Ensuite, il est rapporté que les Romains acclamèrent le nouvel empereur puis est raconté l'onction de ce dernier dans la Basilique Saint-Pierre.

Le couronnement d'après Eginhard

Eginhard est né ver 775 dans une famille aristocrate des bords du Rhin. Il est éduqué au monastère de Fulda puis à partir de 791/792, à la cour de Charlemagne. C'est ce que l'on nomme un « nutritus du palais royal ». Afin de remercier Charlemagne pour son hospitalité, il rédige une biographie de Charlemagne à la fin de sa vie. Il est rapidement remarqué par Alciun pour sa maîtrise du latin, il devient le « conseiller littéraire » de l'empereur Charles puis sous le règne de Louis Le Pieux, il obtient le titre de secrétaire particulier du souverain. En 826, il se retire dans le monastère de Seligenstadt. Son œuvre, intitulée la Vie de Charlemagne a été rédigé après le règne de ce dernier. Elle nous offre des informations sur la fin de la suprématie des Mérovingiens mais également sur les pouvoirs grandissants des maires du palais. Sur le modèle de Suétone, il s'efforce de démontrer que l'empereur Charles soutient le monde romains mais également qu'il a su unifier l'empire autour de lui.
(L'Europe carolingienne (714-888), BÜHRER-THIERRY)

Ce passage de la Vie de Charlemagne selon Eginhard raconte les circonstances du couronnement de Charlemagne où ce dernier se rend afin de rétablir l'ordre suit aux nombreuses accusations contre le pape Léon. Lors de ce voyage, il reçoit le titre d'empereur et donc d'Auguste ce qui attire le mécontentement des empereurs romains qu'il parvient finalement convaincre grâce à de nombreuses ambassades.
Sources :
- 1 lettre
- 3 sources narratives historiographiques : 2 sources officielles + 1 source littéraire biographique
Ces 4 documents présentent des éclairages différents sur un même événement et ils ne sont pas des documents neutres car ils ont chacun un rôle idéologique dans la propagande.
Ils permettent de comprendre les raisons et les étapes du voyage de Charlemagne en Italie

Contexte :
- apogée de la dynastie des carolingiens
- expansion du royaume des Francs en 711
- Charlemagne contrôle l'ensemble des territoires des Chrétiens d'Occident → suprématie qui appel à la consécration d'un nouveau terme → mouvement d'idéologique en faveur du retour de l'empire (surtout avec Alciun)
- origine des Carolingiens : Arnoul et Pépin vont marier leurs enfants


Quels sont les rapports entre le pouvoir temporaire et spirituel ? Comment, en s'octroyant le droit de créer le pouvoir impérial, le Pape réussit à raffermir son propre pouvoir qui alors est contesté ? En créant ce pouvoir, il instaure ainsi un lien indissoluble entre l’Église et l'Empire.

I) Charlemagne en Italie : le pouvoir franc au secours du Pape

1. la crise de la papauté (texte A, B et D)

B : « les affaire…….Italie……...accusations portées contre le Pape »
  • LEON III (795-816) est issu de la petite aristocratie au service des Papes.
  • Depuis son élection → mépris des grandes familles de l'aristocratie romaine.
  • Graves accusations
A : le 25 avril 799, ces adversaires le destitue par la violence
D : en réalité, Léon III ne semble pas avoir subi de violences même si l'aristocratie le souhaite.
(si aveugle alors impossibilité de gouverner)
  • Léon III est enfermé dans un couvent
  • il fait appel aux francs par l'intermédiaire de personnages capables d'avertir Charlemagne
  • pourquoi les Francs ?
    • Impuissance byzantine : Italie est sous le contrôle de Byzance dont dépend Rome et le Lacium mais cette tutelle est relativement éloignée → indépendance de Rome mais elle est menacée par les lombards et Byzance ne peut pas intervenir.
    • depuis CHARLES MARTEL, il existe une tradition pontificale de l'appel des Francs
      • en 739 : le Pape GRÉGOIRE III fait appel à CHARLES MARTEL pour lutter contre les lombards mais cela ne fonctionne pas car alliance entre Charlemagne et les lombards
      • en 754 : Pape ETIENNE II + PEPIN LE BREF + contre les lombards → accepte : 2 expéditions victorieuses en 754 et 756 et il donne les conquêtes territoriales à la papauté → Pépin Le Bref est nommé « patrice des romains »
      • en 772 : HADRIEN II + CHARLEMAGNE + contre les lombards → victoire : terres conquises pour la papauté et il en profite pour se faire couronner roi des lombards
Charlemagne est en Saxe à Padunorn où il rencontre le Pape et le faire reconduire à Rome sous escorte

2. L'expédition franque en Italie

754 : expédition de Pépin avec Charlemagne contre le duché de Bénévent

Charlemagne convoque l'Assemblée générale à Mayence et y déclare le départ en Italie pour aider Léon II en automne 800 avec son fils Charles qui aurait été également sacré roi par le Pape à la suite du couronnement impériale.

A Ravenne, son 2e fils Pépin, roi d'Italie qui a été sacré roi par Hadrien II organise une expédition militaire contre Bénévent alors tenu par les Lombards, hostiles à Pépin.
Les Lombards dominent les duchés méridionaux de Bénévent et Spolète alors que l'Italie depuis 774 est aux mains de Charlemagne qui conserve le titre de roi des Lombards dans sa titulature impériale.
Pépin veut réduire les duchés des Lombards en 800 mais le duché parvient à garder son autonomie malgré le fait qu'il reconnaît l'autorité de Pépin.

venir en aide à la papauté + extension territoriale

Charlemagne est accueilli à Nomentum (=Mentana) en Italie selon les AR avec le Pape Léon III.
- le pape ne se déplace que pour l'empereur or Charlemagne ne l'est pas encore
- l'entrée de Charlemagne dans Rome est solennelle : c'est une sorte d'anticipation étonnante du statut impérial comme si à Rome, on lui reconnaissait ce titre avant même qu'il ne l'est.

3. Charlemagne, une intervention judiciaire

  • Un problème de juridiction
l10 AR : enquête sur les accusations. Comment un roi peut-il avoir le droit de juger un Pape ? Pour juger un pape, il faut être un empereur or Charlemagne n'a que le titre de « patrice des Romains », il est inférieur en théorie au Pape.

  • Assemblée du 25 décembre 800 et la procédure judiciaire
25/12/800 dans la basilique de saint pierre. Le Pape doit se disculper des accusations par un serment purgatoire = serment solennel où on affirme publiquement son innocence.
politique de compromis
Dans les droits germaniques : serment seulement quand aucunes preuves de l'accusation.
Ce serment est très solennel : il se fait au niveau de l'anbon* (= tribune entre la nef et le cœur de l'église servant aux lectures lithurgiques) et sur les Evangiles (=invocation de la Trinité) → serment sacré
permet à Charlemagne de se présenter comme le sauveur et le juge du Pape


II) L'ascension de Charlemagne : la cérémonie du 25 décembre 800, un coup politique du Pape ?

1. Le lieu, le moment et les protagonistes

Basilique saint-pierre (= le Christ lui confie le pouvoir des clefs soit celui de lier ou délier = bâtir l’Église institutionnelle).
Le pape est considéré comme l'héritier de saint-pierre et donc le vicaire* du Christ.
Cette basilique abrite le tombeau de Pierre = « confessions » (dans les textes)
Le couronnement a lieu au même endroit que le serment purgatoire.
Aucunes des sources ne fait état d'accord préalable → initiative du Pape
Noël : fête religieuse + symbolique : renaissance de l'empire d'Occident + baptême de Clovis → fondement religieux et politique

protagonistes : Charlemagne, Léon III et le « peuple romain » = celui qui élit le roi et les évêques soit l'aristocratie de Rome, hostile à Léon III

2. L'inversion du rituel byzantin

  • couronnement par le Pape
  • acclamation par le peuple
  • adoration par le Pape = proskynèse*

différences entre les AR et LP dans la description de la cérémonie.
- adoration n'est pas évoquée dans le LP qui suggère une autre interprétation de l'acclamation des romains
- les romains acclament Charlemagne car il fait une révérence envers l’Église et le Pape

selon la tradition byzantine :
  • acclamation par le peuple
  • couronnement par le Pape
  • adoration par la Pape
A Byzance, l'acclamation par l'aristocratie et les militaires avant le couronnement = traces de l'élection du Prince → c'est elle qui fait l'empereur

L'acclamation n'a pas de rôle électoral, tout revient au pape

3. Une nouvelle définition du pouvoir

point de vue du Pape :
- met en cause la domination du monde romain par Byzance
- usurpation du droit de faire/reconnaître un roi alors que normalement c'est aux mains de l'empereur d'Orient
- il se fait l'égal de l'empereur d'Orient

point du vue de Charlemagne
- impact sur lui-même : empereur chrétien par la volonté de Dieu et que l’Église et le peuple romain l'ont accepté → il peut lancer beaucoup de réformes et s'inscrit dans la lignée des empereurs romains en les imitant
- empire carolingien = empire terrien qui entérine la fermeture de la Méditerranée dont le centre est Aix-La-Chapelle en Neustrie.


III) Charlemagne, empereur malgré lui

1. la surprise et la colère de Charlemagne

le jour de Noël, Charlemagne se rend dans la basilique pour fêter la nativité et non pour recevoir le titre d'empereur.
Selon Eginhard : sa colère confirme sa surprise → initiative du Pape

2. Les raisons de cette colère

  • topos du refus du pouvoir :
Selon la Vie des Douze Césars de Suétone : les bons empereurs romains commencent par refusé l'honneur que l'on leur accorde → image positive
Eginhard veut gommer l'aspect d'usurpation surtout aux yeux des byzantins en s'inspirant de Suétone
Par sa titulature, Charlemagne se présente comme l'héritier des empereurs romains or l'empereur est toujours vivant.
Quand Charlemagne transmet son titre à son fils mais en supprimant celui d'empereur et il lui laisse ceux de patrice et Auguste.
Charlemagne entame de nombreuses ambassades avec les byzantins notamment avec une alliance matrimoniale avec IRENE
Rien ne mentionne des expéditions militaires qui vont avoir lieu en Dalmatie et Vénétie

  • compléter l'interprétation
colère de Charlemagne vient de l'inversion des étapes du rituel avec le renversement des significations
conception particulière du pouvoir = autonomie et validation par le peuple suite à une victoire militaire. En le couronnant avant, le pouvoir vient de Dieu

3. Les allusions et les non-dits

Eginhard fait allusion à d'autres causes du voyage en Italie
- AR l10-16 : seule juridiction = impériale donc la promotion a certainement été annoncé avant
- Alciun : dignité du roi des Francs > Pape, empereur or avant la cérémonie donc allusion


Dans l'église de saint-jean : vitrail représente Charlemagne recevant des mains de saint-pierre l'étendard symbolique du pouvoir comme Constantin.

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