mardi 3 mars 2015

TD ancienne : 4-L'ORGANISATION DES PROVINCES SOUS AUGUSTE

L'ORGANISATION DES PROVINCES SOUS AUGUSTE

A partir du IIIe s. av. J.-C, après avoir acquis la maîtrise de l'Italie, Rome est parti à la conquête de nouvelles terres et quand Octavien accède, après Actium, à la tête de l'état romain. L'empire s'étend sur presque tout le contour méditerranéen, puis après la bataille d'Alexandrie, il va encore lui adjoindre l'Egypte. Sous la République, c'est exclusivement le Séant qui a la responsabilité de cet empire. Avec Octavien, une nouvelle répartition des responsabilités est opéré depuis le 13 janvier, c'est alors qu'Octavien remet au Sénat et au peuple romain, les provinces dont il a eu la responsabilité en tant que triumvir. Il a bénéficié d'un imperium qui se situe dans la ligne des commandements extraordinaires de la République, le triumvir permet aux trois hommes de se partager l'empire et de s'occuper de ses territoires sans consulter le Sénat et indépendamment des autres. En effectuant cette restitutio en 27, Octavien marque le retour à la tradition républicaine et la fin d'une période d'exception et donc la possibilité à nouveau pour le Sénat de diriger comme avant. La Curie, pourtant au cours de la même séance, va effectuer un nouveau partage et c'est de cela que traitent Dion Cassius et Strabon.
Dion Cassius est né entre 155 et 160 à Nicée, dans la partie orientale de l'empire. C'est un haut-fonctionnaire de langue et de culture grecque. Il a la citoyenneté romaine et devient sénateur sous Commode. Il est choisi deux fois consul sous la monarchie sévérienne. Il écrit son Histoire Romaine au début du IIIe s. et s'y montre un ardent défenseur du modèle impérial.
Strabon, lui aussi, est de langue et culture grecque. C'est un émient géographe à qui l'on doit un ouvrage intitulé Etudes historiques. Il a l'avantage d'être contemporain des faits qu'il rapporte puisqu'il est né en -58 et décède aux alentours de 20. C'est un voyageyr, il se rend un temps à Rome et donc se familiarise avec les pratiques romaines. Pour lui, la géographie est une science des plus utiles pour les hommes d'état dans la mesure où une bonne administration des territoires correspond à une bonne gouvernance.
Comment Auguste restitue-t-il les provinces ?

I) Une volonté de se placer dans la continuité de la res publica

Dion Cassius affirme qu'Octavien, s'il a consenti à s'occuper des affaires publiques, dit qu'il ne gouverne pas seul les provinces et qu'il ne les garde pas tout le temps (l.2-4). L'intention est évidente : il n'entend pas apparaître comme celui qui monopolise le pouvoir ni comme celui qui ignore les institutions traditionnelles., il veut marquer son respect pour le Sénat. D'une certaine manière, il dit qu'il va collaborer avec la Curie dans la gestion des provinces et c'est indispensable de procéder ainsi dans le cadre du respect du SPQR ????? (aucune décision ne peut être prise sans l'accord du Sénat et des comices). Quant à l'idée qu'il ne les garderait pas tout le temps, relève de l'idée que les charges que l'on se voit confiées correspondent à des missions. Une fois la mission achevée, on l'abandonne. Si le Sénat accorde à Octavien la responsabilité de plusieurs provinces et ce pour une durée limitée de 10 ans, cela n' a rien de choquant car elle est prise via le biais d'une loi et car on a déjà vu au moins une fois quelqu'un gérer plusieurs provinces en même temps : Pompée. On a un mandat du peuple sur avis du Sénat, donc théoriquement ce n'est pas un partage contrairement à ce que dit Dion Cassius, qui a un regard de grec sur une réalité romaine. De plus, il n'est pas contemporain donc certaines subtilités ne l'intéresent plus.
Il y a une apparente collaboration qui se met en place entre le Sénat et Auguste lui permettant de gérer, dans le cadre de son mandat, le gouvernement des provinces d'Espagne, de Gaule puis de la Syrie et de l'Egypte. Par ailleurs, le Sénat garde la responsabilité de 10 provinces. Cette répartition évolue avec le temps. Par exemple, Auguste a eu autorité sur Chypre, il va l'administrer mais cette province a été rétrocédée au Sénat dès -22 de même que la Bétique en -16/-13. Les limites des provinces peuvent varier. Par la suite, le nombre des provinces confiées au Sénat reste relativement simples. En théorie, les auteurs expliquent que les provinces les plus riches (les plus pacifiées) sont sénatoriales, Strabon montre qu'on les nomme provinces publiques et non provinces sénatoriales : elles ont été conquises assez tôt par les romains donc il n'y a plus de contestations. Pour les provinces césariennes correspondent aux régions où le risque de troubles est plus importants., soit parce qu'elles sont limitrophes avec des peuples barbares ou parce que les risques de sédition sont importants. Le fait que ces territoires sont instables justifient qu'on leur assigne une personnalité précisément mandatée et munie de pouvoirs extraordinaires.

II) Les moyens de dominer les provinces de l'empire

L'empereur, pas plus que le Sénat, n'administre pas directement les provinces dont ils ont la charge. Dans les provinces impériales (ou césariennes), le princeps nomme, pour le représenter, des légats* que l'on appelle les légats d'Auguste. Il se base sur le modèle de Pompée qui a gouverné à partir de Rome les trois provinces espagnoles entre 54 et 59 en y envoyant trois légats. Les légats choisis par Auguste sont toujours choisis parmi les sénateurs, dans le rang des anciens préteurs, que l'on nomma les légats d'Auguste propréteurs de rang prétorien, ou parmi les anciens consuls dans ce cas ce sont légats d'Auguste propréteurs de rang consulaire. Il y a encore d'autres provinces impériales, celles où l'enjeu stratégique est moins grand, et donc celles où le nombre de légions en place est moins important. Elles sont gouvernées par de simples chevaliers qui eux aussi sont nommés par le princeps. Ils portent le nom de procurateur* ou préfet. En général, le préfet dispose de plus de troupes qu'un procurateur.
Pour les provinces sénatoriales, elles sont dirigées par des gouverneurs qui sont systématiquement sénateurs, soit d'anciens préteurs, soit d'anciens consuls. Les provinces les plus prestigieuses sont celles dites consulaires : province d'Afrique et celle d'Asie. Les autres sont dites prétoriennes. Les pouvoirs sont égaux qu'ils soient consuls ou préteurs, la seule différence se situe au niveau des attributs du pouvoir, lors de leurs apparitions publiques des proconsuls d'Afrique et d'Asie. Ils sont précédés par 12 licteurs* qui portent des faisceaux (attribut du pouvoir qui symbolisent l'autorité des pro-magistrats), ils sont chargés de l'escorte qui marque la dignité autour de la foule. Les autres gouverneurs n'ont que 6 licteurs. Un magistrat ne peut normalement pas obtenir une province avant un délai de 5 ans après sa sortie de charge.

III) Un empire à la discrétion du prince

Cette fiction de la restitution des provinces au Sénat et au peuple romain le 13 janvier 27 ainsi que celle du mandat d'Auguste. Pour les contemporains, l'idée d'une répartition des provinces entre le Sénat et le princeps paraît très vite évidente. Strabon en fourni la preuve par ces propos, il écrit que c'est bien Auguste qui « divisa l'empire en deux parts » (l.3 + 9). Dion Cassius écrit (l.4-7) qu'Octavien s'est réservé des provinces où se trouvent le plus grand nombre de légions. La fiction du mandat est mis à jour quand Dion Cassius écrit « c'était en apparence… entretiendrait les soldats » (l.7-10). Non seulement le Sénat n' a pas son mot à dire au moment de l'attribution des provinces mais plus cela a permis de donner à Auguste la maîtrise des forces armées de l'empire qui lui confère une puissance inégalée et un moyen de pression redoutable en cas de besoin. Le fait qu'il dispose de la très grande majorité des troupes en cas de crises graves, il apparaît comme le recours le plus évident. La défense des frontières représente une tâche sans fin et cela à un avantage indiscutable pour Auguste car ça à l'avantage de pouvoir justifier le renouvellement régulier de ses pouvoirs extraordinaires.
Le Sénat est épuré peu avant janvier 27, après les guerres civiles, il a été nécessaire de procéder à une révision de la liste des sénateurs. Officiellement, il s'agit de rendre tout son lustre à la Curie. Durant les guerres civiles, le nombre de sénateurs a augmenté et les différents triumvirs sont soucieux d'y faire entrer des hommes qui leur sont fidèles. En revoyant la liste des sénateurs en 28, Octavien redonne quelques crédibilités à ce Sénat mais en même temps, ceux qui vont demeurer au Sénat lui seront reconnaissant, ce qui va rendre les initiatives futures d'Auguste plus simples même s'il ne faut pas s'imaginer qu'il n'a rencontré aucune résistance au Sénat.
Les auteurs ne précisent pas si l'est arrivé que le princeps nomme à la tête des provinces sénatoriales des pro-magistrats de son choix. Il ne faut pas imaginer qu'il y a une frontière étanche entre les provinces impériales et sénatoriales. Le princeps intervient régulièrement dans les provinces dépendantes du Sénat et ce en vertu de son imperium infinitum qui lui permet depuis -23 d'intervenir dans toutes les provinces. En raison de son auctoritas, ce sont ses décisions qui prévales.
Le pouvoir du princeps dans l'empire est d'autant plus grand qu'il a aussi autorité sur les états vassaux, états conquis par les romains mais où, plutôt que de les annexer et d'en faire des provinces, il a mis des rois servant d'états tampons avec d'autres peuples. Ce système a l'avantage de garantir l'influence romaine sur des territoires éloignés tout en épargnant à Rome les soucis d'une administration directe.



Le partage des provinces en -27 s'est inscrit dans une stratégique plus large, connue sous le nom de Res Publica Restituta. Il s'agit de montrer que l'état est restauré et que les piliers du système ont retrouvé toutes leur prérogatives. C'est pour cette raison qu'Octavien Auguste souhaite paraître être mandaté par eux pour assurer l'administration de multiples provinces par l'intermédiaire de légats. Des précédents républicains l'autorisent à gouverner des provinces à distance. Son imperium proconsulaire est prolongé une fois les dix années initiales du mandat écoulées, la nature de sa mission de protéger les frontières du danger barbare, rend cette prolongation très facile. Le fait que les provinces dont il a la charge ont été si nombreuses et qu'elles disposent de la plupart des légions donnant au princeps une prééminence dans l'état romain. L'imperium infinitum ne fait que confirmer cette prééminence, mais en définitif, peu importe que les apparences sont sauves dans la mesure où le principat est parvenu à se voiler progressivement sous les oripeaux de la République.

(Légats d'Auguste nommés alors que les proconsuls sont tirés au sort et nommés pour un an dans leur provinces, les légats restent environ 2-3 ans, c'est le prince qui y met fin.)



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