TRONE
LUDOVISI
Il
s'agit de 3 dalles de marbre ornées de sculpture en relief. Ces
dalle de marbre proviennent certainement de Thasos, au nord de la Mer
Égée. Il mesure 1,07m de hauteur pour le relief central et 84 cm
pour les reliefs latéraux. Il a été abîmé lors de son transport
de Locres, où a été réalisé le relief, à Rome. Il est conservé
aujourd'hui au Museo Nazionale delle Terme de Rome. Il date de
480-470 av J.-C. L'artisan l'ayant réalisé est probablement un
technitès spécialisé dans le marbre au vu de la précision des
sculptures. Il a été retrouvé dans les jardins de Salustre à Rome
en 1887 de la Villa des Ludovisi, famille papale, mécènes et
collectionneurs depuis le XVIIe s. En 1894, l’État italien rachète
les collections Ludovisi. Les commanditaires sont probablement les
citoyens de Locres. Ce relief, contrairement à son nom, est un autel
situé dans le temple d'Aphrodite, construit à la même époque, du
sanctuaire de Marasa. Il correspond à la période classique
(480-338) qui s'ouvre sur les victoires des cités grecques contre
les Perses dont le Ve s. est marqué par la prééminence d'Athènes.
Cette période est subdivisé en 3 périodes dont le « style
sévère » de 490 à 450 où les contraintes de l'archaïsme
disparaissent et laisse place au traitement de la figure humaine.
En
quoi le trône Ludovisi reflète-t-il le culte d'Aphrodite ?
-
La naissance d'Aphrodite
Le
relief central montre une femme drapée sortant de l'eau tendant les
bras vers 2 femmes. Ces deux femmes s'apprêtent à sécher la jeune
femme à l'aide d'un voile qu'elle étendent entre-elles. Elle porte
des tuniques dont les plis sont parfaitement sculptés. La femme, au
centre, porte un drapé mouillé révélant son buste dont la
poitrine est bien représenté, la forme des côtes apparaît ainsi
que le nombril, nous pouvons également distingué la clavicule. Le
technitès s'est appliqué afin que l'anatomie de la femme soit la
plus réaliste possible. Nous pouvons le voir aussi au niveau du
visage où le nez, les yeux ainsi que le bouche sont minutieusement
représentés, nous pouvons distingués son oreille gauche.
Cette
scène représente la naissance d'Aphrodite bien qu'il existe
également d'autres interprétations comme celui du retour de
Perséphone ou de la naissance d'un enfant. Cependant de nombreux
détails permettent de retenir l'hypothèse de la naissance
d'Aphrodite. En effet, nous pouvons remarquer la présence de galet
le long de la rive, la nudité de la déesse. Par conséquent, les
deux femmes sont probablement des Nymphes ou des Heures, divinité
chargé de l'éducation d'Aphrodite et présidant à sa toilette.
Ces
différents éléments, nous permettent de d'appuyer la thèse
associée au culte d'Aphrodite que nous pouvons confirmer avec les
reliefs latéraux.
-
L'épouse et la Courtisane
La
première femme est fortement drapée ne laissant apparaître que son
visage, également minutieusement représenté, ses mains et ses
pieds portant des sandales. Elle tient dans sa main gauche un coffret
duquel elle sort de l'encens. Cet encens est certainement destiné à
être jeter dans un brûle-parfum. Or ce geste correspond au culte
d'Aphrodite qui comprenait l'offrande d'encens.
La
deuxième femme montre une jeune femme nue, sauf au niveau des
cheveux où elle porte un himation (=filet). Elle est assise sur un
cousin et joue de la double-flûte = aulos. C'est le premier nu
féminin grec connu en sculpture depuis l'époque géométrique.
Cependant, nous pouvons constater un problème au niveau de
l'anatomie de la hanche droite.
Ces
femmes représentent les deux aspects du culte d'Aphrodite. En effet,
la femme drapée représente certainement une matrone/épouse (bien
que l'hypothèse d'une prêtresse soit avancée) tandis que la jeune
femme nue est une courtisane. Le culte d'Aphrodite est associé à la
sexualité humaine soit normalement pendant le mariage. Cependant la
courtisane montre l'aspect de la sexualité hors mariage. En effet,
on estime que la prostitution sacrée était pratiquée dans la Grèce
Antique (« plus de milles courtisanes, vouées au culte de la
déesse par des donateurs de l'un et de l'autre sexe »,
Strabon).
Conclusion
Le
trône Ludovisi représente les différents aspects du culte
d'Aphrodite soit la matrone et la courtisane ainsi que la naissance
mythologique de la Déesse. Le culte d'Aphrodite va être de plus en
plus représenté au cours des siècles notamment pendant la
Renaissance.
Bibliographie
BOARDMAN
John, La sculpture grecque classique, Thames & Hudson, Paris,
1995
BOARDMAN
John, L'Art grec, « L'univers de l'Art », Thames &
Hudson, Paris, 1989
GRIFFITHS
PEDLEY John (Université du Michigan), Art et Archéologie de la
Grèce, Prentice Hall, 1998
HOLTZMANN
Bernard, La Sculpture grecque, Librairie Générale Française,
Paris, 2010
ROLLEY
Claude, La Sculpture grecque – Des origines au milieu du Ve s.,
Paris, 1994
Webographie
Wikipédia,
« Aphrodite » [consulté le 04/02/2015]
Wikipédia,
« Trône Ludovisi » [consulté le 04/02/2015]
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