lundi 16 mars 2015

HPC : chapitre 3 / Le gaullisme et les droites

LE GAULLISME ET LES DROITES

Le gaullisme est une spécificité française. Pour comprendre cette spécificité et les autres tendances de la droite en France, il faut tout de suite faire référence à un historien réputé qui a travaillé sur la questions des droites, René RAYMOND.

Il a identifié 3 droites :
- la légitimiste (ce qui débouche sur l'extrême droite)
- la orléaniste (débouche sur la droite libérale et centre droit)
- la bonapartiste (débouche sur le gaullisme)

La vocation initiale du gaullisme, c'est de mettre en place un grand rassemblement des français par-delà les clivages politiques et par-delà le système traditionnel des partis politiques.
La rupture avec cette attitude là, des gaullistes interviennent dans 1970's, lorsque d'un côté, il y a ceux qui continuaient de se dire gaullistes = RPR rivalisant avec ceux du parti des républicains indépendants. Il y a également d'autres partis de droite comme le centre droit, le mouvement républicain populaire transformé en Centre Démocrate (Jean LECANUET). Il y a aussi la droite libérale et modérée qui se structure à la fin 1960's autour VGD. Dans 1970's réapparaît l'extrême-droite, elle prend la forme du parti qu'on nomme Front Nationale qui va prendre de l'importance en 1980. Il constitue un concurrent nouveau et inattendu pour la droite classique.

Comment se réalise la continuité du gaullisme malgré les transformations tout au long de la période ?

Le gaullisme existe-t-il encore à la fin de cette période ?

Comment émerge les droites qui, de plus en plus, prennent leur distance avec le gaullisme ?


I) Le gaullisme dominant (1958-1974)
A) La question du parti gaulliste

Le mouvement gaulliste a souvent changé de nom et de sigle.

1947 à 1955 : Rassemblement du Peuple Français (RPF)
- fondé par De Gaulle
- objectif : le retour de DG au pouvoir et le changement des institutions de la IVe République
- les idées sont exposées dans le discours de Bayeux : il faut que le chef de l'état soit le personnage essentiel dans la Constitution
- c'est un parti de masse = 1,5M adhérents dont certains ne sont pas des gaullistes
- De Gaulle ne veut pas être le chef d'un parti mais le chef des français. Il fonde un parti mais il a pour idée de dépasser les partis pour rassembler le pays. C'est pour cela que le RPF s'appelle rassemblement, choisi volontairement pour montrer qu'on est pas dans une logique partisane.
- C'est un échec, il ne permet pas à De Gaulle de revenir au pouvoir.

1958 à 1967 : Union pour la Nouvelle République (UNR)
- De Gaulle revient au pouvoir mais sans parti politique, il fonde alors l'UNR
- ce n'est pas le même genre de parti, dès le début, il est lié au pouvoir
- objectif : soutenir le gouvernement, de sélectionner et faire élire les candidats gaullistes aux législatives et des moyens financiers pour les faire élire.
- c'est un parti de cadre
- les membres sont que des gaullistes.
- c'est un parti dont De Gaulle est le chef
- Au moment de la guerre d'Algérie, Jacques SOUSTELLE prend le parti de l'Algérie Française s'opposant ainsi à l'idée d'indépendance de De Gaulle → il est exclu du parti

1957-1958 : UDV = Union Démocrate de la Ve République

1968-1970 : UDR = Union des Démocrates pour la République, parti créé par POMPIDOU afin d'accéder à l’Élysée en 1969

Les noms des partis changent souvent car ce sont des rassemblements et non des partis. A chaque fois, ils sont mis au service d'un homme soit qui est déjà le Président soit qui doit le devenir

Quel est le programme ? Politique mise en œuvre par De Gaulle : l'indépendance, la dissuasion nucléaire, le refus des institutions supranationales.

B) Centre droit et droite libérale
1. Le centre droit

Famille politique liée à la démocratie chrétienne, née au XVIIIe siècle par les catholiques sociaux : il faut réduite les inégalités sociales.
Elle existe partout en Europe et joue un rôle important après 1945, elle remporte des succès électoraux à plusieurs endroits (Italie, Allemagne) dont la France avec le Mouvement Républicain Populaire (MRP).

C'est l'un des partis essentiels de la IVe République qui apparaît comme un centre avec une importance

  • des valeurs chrétiennes : défense de l'école « libre » = privée
  • attachement à ma construction européenne
  • attachement aux principes démocratiques et parlementaires
  • anti-communistes
  • tournés vers les USA
  • attachés à l'héritage de la Résistance : convergence avec De Gaulle, ils sont fidèles au Général De Gaulle au départ
  • interventionnistes : défendent l'idée d'une intervention de l'état dans l'économie

Il est au centre de l'échiquier politique.
Lors de la Ve République, ce parti connaît des évolutions : elle s'efface progressivement par la fidélité de De Gaulle et aussi sur le fait qu'il se divise à propos de certains sujets dont l'Algérie.

Une partie du MRP défend l'indépendance mais certains s'y opposent comme Georges BIDAULT qui va rejoindre l'extrême droite.
En 1965, il présente sa candidature à la présidence et obtient un score important mais qui ne lui permet pas de passer au deuxième tour.
Il transforme le MRP en Centre Démocrate en 1966
En 1976, il devient le Centre des Démocrates Sociaux

2. La droite libérale et modérée

A partir de 1962, la majorité qui soutient De Gaulle contient deux familles :
- la famille gaulliste
- la famille libérale modérée dans laquelle on trouve la droite classique qui n'est pas favorable à l'Algérie Française

Pendant longtemps, les gaullistes exercent une suprématie totale mais au milieu des 1960's, il va y avoir un équilibre car au fur et à mesure, la droite libérale se structure autour de VGD. Après son départ du gouvernement, il explique qu'il veut continuer à être dans la majorité en état libre de critiquer le gouvernement = politique du « oui, mais... ».
Pour mener à bien cette stratégie, il fonde le parti des Républicains Indépendants.
En 1969, il y a une vraie rupture avec les gaullistes quand De Gaulle organise un référendum qui se transforme en « pour ou contre De Gaulle », VGD invite à voter non.
En 1974, il y a deux candidats de droite :
- pour les gaullistes : Jacques CHABAN-DELMAS
- pour les libérales : Valérie GISCARD D'ESTAING
Il y a une sorte de première alternance entre les deux droites

Malgré la domination du gaullisme, les critiques sont de plus en plus nette à partir de 1960's, l'opposition des gaullistes et des libéraux se renforce.

B) Une droite scindée en deux après 1974
1. Deux nouveaux partis de droite

a. Le Rassemblement pour la République (RPR)

A partir de 1974, les gaullistes ne sont plus aussi dominants sur la scène politique :
- échec de JCD à la présidence
- démission de Jacques CHIRAC qui quitte Matignon
les gaullistes ne sont plus au pouvoir, ils perdent le contrôle des rouages de l'état + changement de perspectives, le gaullisme sert à reconquérir le pouvoir.

Le RPR a un Président au pouvoir important, un secrétaire général (= premier ministre dans le parti), une commission exécutive (=gouvernement), un conseil national (=assemblée).
L'organisation du parti est le décalque de celle de la Ve République.

C'est un parti présidentialiste = tous les pouvoirs sont dans les mains du président, tendance vers la personnalisation du pouvoir.

Quand on pense RPR, on pense CHIRAC : c'est l'incarnation du parti.

Est ce que ce parti qui se dit gaullistes l'est vraiment ?
  • 1980's : le programme du RPR est influencé des droites d'autres pays du monde comme des idées libérales conservatrices qui viennent du RU (Margaret THATCHER), USA (Ronald REAGEN)
    = l'état doit être fort militairement mais il ne doit plus intervenir dans l'économie, laisser les entreprises et individus se débrouiller seuls, mène à la réduction de l'état-providence pour réduire les coûts et se concentrer sur les prérogatives régaliennes (armée, police, justice, diplomatie)
    Ces idées-là influencent Chirac quand il arrive à la présidence, il ne fait pas du tout ce que THATCHER et REGEAN font.
  • Sur la question de la construction européenne, il y a une forte division :
    « gaullistes populaires » (Philippe SEGUIN, Charles PASQUA) s'opposent à l'intégration européenne dans la continuité au gaullisme contre les « libéraux européistes » (Alain JUPPE, Edouard BALLADUR, Nicolas SARKOZY) qui défendent la construction européenne
    Une telle opposition fait qu'en 1992, un référendum est organisé sur le Traité de Masstricht instituant l'Union Européenne, la direction du parti décide de ne pas donner de directive = « liberté de vote » pour éviter le rupture totale.

C'est un parti qui se dit gaulliste mais qui s'en écarte un peu. Malgré ces différentes tensions, la stratégie de Chirac est couronné de succès par son élection.

b. L'Union pour la Démocratie Française (UDF)

En 1978 est fondé un nouveau parti politique, l'UDF qui a pour but de soutenir la politique de VGD pour lui permettre d'obtenir la majorité.
Elle s'appelle comme cela en relation avec le titre de VGD, Démocratie Française
C'est un parti qui reste indépendant
C'est une confédération de partis politiques qui appartiennent au centre et à la droite modérée parmi lesquels on trouve le parti républicain de VGE (héritier des républicains indépendants) et le Centre des Démocrates Sociaux de Jean LECANUET. Il y a aussi une portion du parti radical « valoisien » dirigé par Jean Jacques SERVAN-SCHREIBER.

Par la suite, il présente différents candidats à la présidentiel :
- Raymond BARRE obtient 16 % des voix en 1988
- Edouard BALLADUR obtient 18 % des voix en 1995

2. Les droites françaises face à un concurrent nouveau : l'extrême droite

A la fin 60's, un élément nouveau à droite apparaît = extrême droite qui réapparaît au moment de la guerre d'Algérie.
Elle forme une alliance sur laquelle apparaît un nom commun : Front National en 1972

70's : résultats électoraux faibles car c'est un mouvement très divisé et qui connaît de nombreuses scissions (= partisan qui quitte le parti)
En 1974, aux élections présidentielles, Jean-Marie LE PEN obtient 0,75 % des voix
C'est un parti extrêmement marginal et faible.

80's : évolution de la situation car les thèmes d'immigration et d'insécurité commencent à se diffuser. Les résultats progressent.
- Européennes 1984 : 11 % des voix
- Législatives 1986 : en moyenne 10 % des voix
  • en 1986, le mode de scrutin change pour les députés
  • normalement les députés sont élu au scrutin majoritaire uninominal à deux tours : dans chacune des 577 circonscriptions, on désigne un député
  • en 1986, on utilise un scrutin majoritaire de liste : à l'échelle de la France, plusieurs listes se présentent et le parti qui obtient 35 % des voix, obtient 35 députés, si 12 % alors 12 députés… il faut avoir au moins 5 % pour avoir des députés à l'Assemblée Nationale. → mis en place par la gauche avec MITTERAND
  • Le FN obtient 35 députés en 1986
- Présidentielles 1988 : Jean-Marie LE PEN obtient plus de 14% des voix

Cette progression pose problème à la droite classique :
- une partie de l'électorat de la droite se dirige vers l'extrême droite → perte électorale
- elles sont en concurrence sur certains thèmes avec des arguments différents → thèmes partagés entre la droite et l'extrême droite.

Cette émergence d'un nouvel parti politique provoque la crise du Quadrille Bipolaire
- à droite : RPR (gaulliste) + UDF (libérale et modérée)
- à gauche : PS + PCF
or ce quadrille bipolaire entre en crise dans 80's
  • PCF : fin de l'aventure communiste en France
  • tensions vives entre RPR et UDF
  • Ps au pouvoir mais de plus en plus de défaites électorales dès 1983
crise profonde : quand il y a absence de solutions alors les électeurs se dirigent ailleurs.


Ces 2 droites ont longtemps été en concurrence jusqu'aux 2000's.
UDF + RPR = UMP – Union pour un Mouvement Populaire → suite à l'arrivée du FN avec LE PEN au 2e tour des élections présidentielles en 2002.
UMP se veut le parti unique de la droite : gaulliste, centriste, libéraux et conservateurs.
Mais cette fusion est incomplète car le centre semble résister : un centriste François BAYROU se présente aux présidentielles.
Les différentes droites ne forment plus un gaullisme ? La droite française ressemble à toutes les autres droites ?


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