LE
GAULLISME ET LES DROITES
Le
gaullisme est une spécificité française. Pour comprendre cette
spécificité et les autres tendances de la droite en France, il faut
tout de suite faire référence à un historien réputé qui a
travaillé sur la questions des droites, René
RAYMOND.
Il
a identifié 3 droites :
-
la légitimiste (ce qui débouche
sur l'extrême droite)
-
la orléaniste (débouche sur la
droite libérale et centre droit)
-
la bonapartiste (débouche sur le
gaullisme)
La
vocation initiale du gaullisme, c'est de mettre en place un grand
rassemblement des français par-delà les clivages
politiques et par-delà le système traditionnel des
partis politiques.
La
rupture avec cette attitude là, des gaullistes interviennent dans
1970's, lorsque d'un côté, il y a ceux qui continuaient de se dire
gaullistes = RPR rivalisant avec
ceux du parti des républicains
indépendants. Il y a également d'autres partis de droite
comme le centre droit, le mouvement républicain populaire transformé
en Centre Démocrate (Jean
LECANUET). Il y a aussi la droite
libérale et modérée qui se structure à la fin 1960's
autour VGD. Dans 1970's réapparaît l'extrême-droite,
elle prend la forme du parti qu'on nomme Front Nationale qui va
prendre de l'importance en 1980. Il constitue un concurrent nouveau
et inattendu pour la droite classique.
Comment
se réalise la continuité du gaullisme malgré les transformations
tout au long de la période ?
Le
gaullisme existe-t-il encore à la fin de cette période ?
Comment
émerge les droites qui, de plus en plus, prennent leur distance avec
le gaullisme ?
I)
Le gaullisme dominant (1958-1974)
A)
La question du parti gaulliste
Le
mouvement gaulliste a souvent changé de nom et de sigle.
1947
à 1955 : Rassemblement du Peuple
Français (RPF)
-
fondé par De Gaulle
-
objectif : le retour de
DG au pouvoir et le changement des institutions
de la IVe République
-
les idées sont exposées dans le discours
de Bayeux : il faut que le chef de l'état soit le
personnage essentiel dans la Constitution
-
c'est un parti de masse
= 1,5M adhérents dont certains ne sont pas des gaullistes
-
De Gaulle ne veut pas être le chef d'un parti mais le chef
des français. Il fonde un parti mais il a pour idée de dépasser
les partis pour rassembler le pays. C'est pour cela que le RPF
s'appelle rassemblement, choisi volontairement pour montrer qu'on est
pas dans une logique partisane.
-
C'est un échec, il ne permet pas à De Gaulle de revenir au pouvoir.
1958
à 1967 : Union pour la Nouvelle
République (UNR)
-
De Gaulle revient au pouvoir mais sans parti politique, il
fonde alors l'UNR
-
ce n'est pas le même genre de parti, dès le début, il est lié au
pouvoir
-
objectif : soutenir le
gouvernement, de sélectionner et faire élire les candidats
gaullistes aux législatives et des moyens financiers pour les faire
élire.
-
c'est un parti de cadre
-
les membres sont que des gaullistes.
-
c'est un parti dont De Gaulle est le chef
-
Au moment de la guerre d'Algérie, Jacques
SOUSTELLE prend le parti de l'Algérie Française
s'opposant ainsi à l'idée d'indépendance de De Gaulle →
il est exclu du parti
1957-1958 :
UDV = Union Démocrate de la Ve République
1968-1970 :
UDR = Union des Démocrates pour la
République, parti créé par POMPIDOU
afin d'accéder à l’Élysée en 1969
Les
noms des partis changent souvent car ce sont des rassemblements et
non des partis. A chaque fois, ils sont mis au service d'un
homme soit qui est déjà le Président soit qui doit le devenir
Quel
est le programme ? Politique mise en œuvre par De Gaulle :
l'indépendance, la dissuasion nucléaire, le refus des institutions
supranationales.
B)
Centre droit et droite libérale
1.
Le centre droit
Famille
politique liée à la démocratie chrétienne, née au XVIIIe siècle
par les catholiques sociaux : il faut réduite les inégalités
sociales.
Elle
existe partout en Europe et joue un rôle important après 1945, elle
remporte des succès électoraux à plusieurs endroits (Italie,
Allemagne) dont la France avec le Mouvement
Républicain Populaire (MRP).
C'est
l'un des partis essentiels de la IVe République qui apparaît comme
un centre avec une importance
-
des valeurs chrétiennes : défense de l'école « libre » = privée
-
attachement à ma construction européenne
-
attachement aux principes démocratiques et parlementaires
-
anti-communistes
-
tournés vers les USA
-
attachés à l'héritage de la Résistance : convergence avec De Gaulle, ils sont fidèles au Général De Gaulle au départ
-
interventionnistes : défendent l'idée d'une intervention de l'état dans l'économie
Il
est au centre de l'échiquier politique.
Lors
de la Ve République, ce parti connaît des évolutions : elle
s'efface progressivement par la fidélité de De Gaulle et aussi sur
le fait qu'il se divise à propos de certains sujets dont l'Algérie.
Une
partie du MRP défend l'indépendance mais certains s'y opposent
comme Georges BIDAULT qui
va rejoindre l'extrême droite.
En
1965, il présente sa candidature à la présidence et obtient un
score important mais qui ne lui permet pas de passer au deuxième
tour.
Il
transforme le MRP en Centre Démocrate
en 1966
En
1976, il devient le Centre des
Démocrates Sociaux
2.
La droite libérale et modérée
A
partir de 1962, la majorité qui soutient De Gaulle contient deux
familles :
-
la famille
gaulliste
-
la famille
libérale modérée dans laquelle on trouve la
droite classique qui n'est pas favorable à l'Algérie Française
Pendant
longtemps, les gaullistes exercent une suprématie totale mais au
milieu des 1960's, il va y avoir un équilibre car au fur et à
mesure, la droite libérale se structure autour de VGD. Après
son départ du gouvernement, il explique qu'il veut continuer à
être dans la majorité en état libre de critiquer le
gouvernement = politique du
« oui, mais... ».
Pour
mener à bien cette stratégie, il fonde le
parti des Républicains Indépendants.
En
1969, il y a une vraie rupture avec les gaullistes
quand De Gaulle organise un référendum
qui se transforme en « pour ou contre De Gaulle »,
VGD invite à voter non.
En
1974, il y a deux candidats de droite :
-
pour les gaullistes : Jacques
CHABAN-DELMAS
-
pour les libérales : Valérie
GISCARD D'ESTAING
Il
y a une sorte de première alternance entre les deux droites
Malgré
la domination du gaullisme, les critiques sont de plus en plus nette
à partir de 1960's, l'opposition des gaullistes et des libéraux se
renforce.
B)
Une droite scindée en deux après 1974
1.
Deux nouveaux partis de droite
a.
Le Rassemblement pour la République (RPR)
A
partir de 1974, les gaullistes ne sont plus aussi dominants
sur la scène politique :
-
échec de JCD à la présidence
-
démission de Jacques CHIRAC qui quitte Matignon
→ les
gaullistes ne sont plus au pouvoir, ils perdent le contrôle des
rouages de l'état + changement de perspectives, le gaullisme sert à
reconquérir le pouvoir.
Le
RPR a un Président au
pouvoir important, un secrétaire général (= premier
ministre dans le parti), une commission exécutive
(=gouvernement), un conseil national (=assemblée).
L'organisation
du parti est le décalque de celle de la Ve République.
C'est
un parti présidentialiste
= tous les pouvoirs sont dans les mains du président, tendance vers
la personnalisation du pouvoir.
Quand
on pense RPR, on pense CHIRAC :
c'est l'incarnation du parti.
Est
ce que ce parti qui se dit gaullistes l'est vraiment ?
-
1980's : le programme du RPR est influencé des droites d'autres pays du monde comme des idées libérales conservatrices qui viennent du RU (Margaret THATCHER), USA (Ronald REAGEN)= l'état doit être fort militairement mais il ne doit plus intervenir dans l'économie, laisser les entreprises et individus se débrouiller seuls, mène à la réduction de l'état-providence pour réduire les coûts et se concentrer sur les prérogatives régaliennes (armée, police, justice, diplomatie)Ces idées-là influencent Chirac quand il arrive à la présidence, il ne fait pas du tout ce que THATCHER et REGEAN font.
-
Sur la question de la construction européenne, il y a une forte division :« gaullistes populaires » (Philippe SEGUIN, Charles PASQUA) s'opposent à l'intégration européenne dans la continuité au gaullisme contre les « libéraux européistes » (Alain JUPPE, Edouard BALLADUR, Nicolas SARKOZY) qui défendent la construction européenneUne telle opposition fait qu'en 1992, un référendum est organisé sur le Traité de Masstricht instituant l'Union Européenne, la direction du parti décide de ne pas donner de directive = « liberté de vote » pour éviter le rupture totale.
C'est
un parti qui se dit gaulliste mais qui s'en écarte un peu. Malgré
ces différentes tensions, la stratégie de Chirac est couronné de
succès par son élection.
b.
L'Union pour la Démocratie Française (UDF)
En
1978 est fondé un nouveau parti politique, l'UDF
qui a pour but de soutenir la politique de VGD pour lui permettre
d'obtenir la majorité.
Elle
s'appelle comme cela en relation avec le titre de VGD, Démocratie
Française
C'est
un parti qui reste indépendant
C'est
une confédération de partis politiques qui appartiennent au
centre et à la droite modérée parmi lesquels on trouve le parti
républicain de VGE
(héritier des républicains indépendants) et le Centre
des Démocrates Sociaux de
Jean LECANUET. Il y a aussi une portion du parti
radical « valoisien » dirigé par Jean
Jacques SERVAN-SCHREIBER.
Par
la suite, il présente différents candidats à la présidentiel :
-
Raymond BARRE obtient
16 % des voix en 1988
-
Edouard BALLADUR obtient 18 % des voix en 1995
2.
Les droites françaises face à un concurrent nouveau :
l'extrême droite
A
la fin 60's, un élément nouveau à droite apparaît = extrême
droite qui réapparaît au moment de la guerre d'Algérie.
Elle
forme une alliance sur laquelle apparaît un nom commun : Front
National en 1972
70's :
résultats électoraux faibles car c'est un mouvement très
divisé et qui connaît de nombreuses scissions
(= partisan qui quitte le parti)
En
1974, aux élections présidentielles, Jean-Marie
LE PEN obtient 0,75 % des voix
C'est
un parti extrêmement marginal et faible.
80's :
évolution de la situation car les thèmes d'immigration et
d'insécurité commencent à se diffuser. Les résultats progressent.
-
Européennes 1984 : 11 % des voix
-
Législatives 1986 : en moyenne 10 % des voix
-
en 1986, le mode de scrutin change pour les députés
-
normalement les députés sont élu au scrutin majoritaire uninominal à deux tours : dans chacune des 577 circonscriptions, on désigne un député
-
en 1986, on utilise un scrutin majoritaire de liste : à l'échelle de la France, plusieurs listes se présentent et le parti qui obtient 35 % des voix, obtient 35 députés, si 12 % alors 12 députés… il faut avoir au moins 5 % pour avoir des députés à l'Assemblée Nationale. → mis en place par la gauche avec MITTERAND
-
Le FN obtient 35 députés en 1986
-
Présidentielles 1988 : Jean-Marie LE PEN obtient plus de
14% des voix
Cette
progression pose problème à la droite classique :
-
une partie de l'électorat de la droite se dirige vers l'extrême
droite → perte électorale
-
elles sont en concurrence sur certains thèmes avec des
arguments différents → thèmes partagés entre la droite et
l'extrême droite.
Cette
émergence d'un nouvel parti politique provoque la crise du Quadrille
Bipolaire
-
à droite : RPR
(gaulliste) + UDF (libérale et
modérée)
-
à gauche : PS + PCF
or
ce quadrille bipolaire entre en crise dans 80's
-
PCF : fin de l'aventure communiste en France
-
tensions vives entre RPR et UDF
-
Ps au pouvoir mais de plus en plus de défaites électorales dès 1983
→ crise
profonde : quand il y a absence de solutions alors les
électeurs se dirigent ailleurs.
Ces
2 droites ont longtemps été en concurrence jusqu'aux 2000's.
UDF
+ RPR = UMP – Union pour un Mouvement Populaire → suite à
l'arrivée du FN avec LE PEN au 2e tour des élections
présidentielles en 2002.
UMP
se veut le parti unique de la droite : gaulliste, centriste,
libéraux et conservateurs.
Mais
cette fusion est incomplète car le centre semble résister : un
centriste François BAYROU se présente aux présidentielles.
Les
différentes droites ne forment plus un gaullisme ? La droite
française ressemble à toutes les autres droites ?
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