vendredi 13 mars 2015

Histoire Médiévale : chapitre 3 / Pratiques et conceptions du pouvoir dans les royaumes barbares


Chapitre 3 / PRATIQUES ET CONCEPTIONS DU POUVOIR DANS LES ROYAUMES BARBARES

I) Le royaume de Tolède

Les rois wisigothiques homéens poursuivent un programme d'unification territoriale et de centralisation politique mais ils se heurtent à la résistance de l'aristocratie du royaume et des nombreux problèmes dans la pratique successorale
instabilité permanente

  1. Evolution politique : l'échec du projet d'unification territoriale et de la centralisation politique

Pendant 1 siècle = instabilité car beaucoup d'assassinat de roi
le roi ATHANAGILD (555-567) est le réel fondateur du royaume de Tolède et y installe sa capitale en plein centre de l'Espagne mais c'est son fils LEOVIGILD (573-586) qui entreprend l'unification du royaume
- Nord-est : annexion de la SUEVE
- Sud : il refoule une partie des Byzantins
- Nord : soumission des VASCONS

Il renforce son autorité royale en limitant le pouvoir impérial
- surnom de FLAVIUS
- porte le diadème et le paladumentum
- tente de fonder une dynastie en associant son fils au pouvoir
- monnaie d'or à son effigie

Échec dans sa tentative d'unification religieuse
- 580 : tente de convertir toutes les populations de son royaume au christianisme homéen
- son fils HERMELEGILD, converti au christianisme nicéen, se révolte contre son père
- 585 : exécution de HERMELEGILD
- c'est le 2nd fils de Leovigild qui lui succède = RECAREDE (586-601)
- après quelques mois de règne, il se converti au christianisme nicéen en 587

cette conversion est un tournant décisif dans l'histoire du royaume wisigothique et c'est la fin de la dualité religieuse entre les Wisigoths et les Hispano-romains

mai 589 : RECAREDE réunit un concile général à Tolède au cours duquel il abjure publiquement le christianisme homéen et où les évêques, les clercs et les Grands expriment leur adhésion à la foi nicéenne

Chronique de JEAN DE BICLAR
- chronique = récit qui narre des événements dans l'ordre chronologique
- entre 589-591
- c'est un wisigoth chrétien nicéen et fonde l'abbaye de Biclar à la fin du VIe s.

LIUVA II (fils de Récarède) lui succède en 601 mais il est assassiné en 603 → la royauté wisigothique reste disputée entre les clans aristocratiques

603-711 : 15 rois se succèdent → tous veulent fonder une dynastie mais jamais plus de 2 générations (succession par soulèvement militaire et assassinat)

633 : 4e concile de Tolède, le roi SISENAND prévoit dans le canon 75 l'élection du roi par les évêques et par les Grands
- ce système ne parvient pas à s'imposer
- instabilité chronique a suscité une réflexion politique précoce sur la nature du pouvoir royal

  1. Une doctrine de la légitimé royale : ISIDOR de SEVILLE et la royauté ministrielle

ISIDOR : évêque de Séville (601-636) et hispano-romain
- figure majeur de la culture médiévale
- Les Étymologies = encyclopédie
- il veut donner des cadres intellectuelles aux élites laïques et ecclésiastiques
- il produit une réflexion sur la nature du pouvoir royal

- Les Sentences défini le pouvoir royal comme un ministère institué par Dieu et soumis aux impératifs de la foi chrétienne = le roi exerce le pouvoir au nom de Dieu
- Selon cette conception, le pouvoir royal doit obéir à Dieu et il doit lui rendre des comptes
- Seule l’Église peut légitimer le pouvoir royal et de la justesse des actions politiques du souverain
royauté chrétienne avec le sacre

La pratique du sacre est attesté chez les Wisigoths depuis l'avènement du roi WAMBA (672-680) dans un contexte difficile où le roi avait besoin d'affirmer son autorité (pas de sacre chez les Francs avant le VIIIe s. → Pépin le Bref)

L’Église doit conseiller le roi et intervenir dans le gouvernement du royaume

Isidor joue une véritable rôle politique notamment grâce à ces relations avec certains rois.
Il préside le 4e concile de Tolède en 633 : nombreux canons viennent de lui (notamment le canon 75)

  1. Une institution originale : les conciles généraux de Tolède

589-702 mais particulièrement régulier entre 633 et 694

ils ne correspondent pas à la définition courante de conciles
concile = institutions strictement ecclésiastique d'une assemblée d'évêques et abbés qui délibèrent et prennent des décisions sous forme de canons

ils remontent à 589 où les évêques et les Grands abjurent l'arianisme

- convoqué par le roi
- dans la cathédrale de Tolède
- le jour de l'ouverture du concile : les clercs les laïcs le roi
- le roi entre et se prosterne devant les évêques et prononce un discours contenant la confession de foi
- il remet à l'assemblée le TOMUS = texte qui contient les questions qu'il souhaite soumettre mais aussi des propositions de réponses
- ce Tomus est toujours structuré de la même manière → questions dogmatiques + disciplinaires questions politiques
Les laïcs interviennent seulement pour les questions politiques. Le tomus est lu après le départ du roi.
- à l'issu du débat, les canons sont lus publiquement et sont souscrits aux participants
- le roi intervient à nouveau pour promulguer les canons au moyen d'une loi de confirmation qui donne au canon force de loi pour le royaume

But : légitimer l'action royale en y associant l’Église et l'aristocratie
Ce n'est pas pour autant une monarchie faible car le programme est fixé par le Tomus royal et il utilise le prestige des Grands et de l’Église pour appuyer ses action et renforcer son autorité monarchique

De nombreuses crises sociales apparaissent + soulèvement et répression → troubles politiques et en 711, le Royaume wisigothique ne résiste pas à l'invasion des musulmans → conquête en 4 ans

II) Le royaume anglo-saxons

la Province romaine de Bretagne (=GB) a été superficiellement romanisée et l'Irlande n'est pas romanisée

Histoire mal connu car les sources écrites sont rares
La grande source écrite date du VIIe s. avec l'Histoire écclésiastique du peuple anglais de BEDE LE VENERABLE (725-731). C'est un moine de l'Abbaye Garrow considéré comme le 1er historien anglais
- installation Anglo-saxone
- formation des royaumes
- diffusion du christianisme en Angleterre

  1. La formation des royaumes

Intensification de la menace barbare dans la 2e moitié du IIIe s.
- PICTES d'Ecosse et les SCOTS d'Irlande
- (continent) ANGLES, SAXONS, JUTES et FRISONS

Rome est incapable de faire face à ses invasions et elle laisse les populations sur place et sans défense rupture des liens avec Rome à partir de 410

L'installation des barbares forme 2 ensembles culturellement distinct et subdivisé en plusieurs territoires indépendants :
- SCOTS dans la région du sud-ouest
- royaumes anglo-saxons : entre 500 et 600 s'étendent de la côté Est et le Centre
stabilisation en 7 royaumes dominés par les 3 grands peuples barbares : JUTES, ANGLES et SAXONS

les Jutes dominent le royaume du Kent
les Angles …………...les royaumes de l' East-Anglie, de Mercie, et de Northumbrie
les Saxons …………. les royaumes du Wessex, Sussex et le Essex
(cf tableau dans le manuel de sylvie Joye p134-136)

dès le Ve s., certains bretons émigrent vers le continent notamment vers l'Armorique (que certaines sources commence à appeler Bretagne)

  1. L'évolution politique des royaumes

royaumes perpétuellement en conflit
facteur de régulation = bretwalda* soit le roi le plus puissant détenteur d'une hégémonie reconnue, et les différents royaumes rivalisent pour l'acquisition du titre :

  • jusqu'à la fin du VIe s., l'hégémonie appartient au roi du Kent, Ethelbert mort en 616, allié des francs
    le Kent est christianisé par une mission en 596 par Grégoire le Grand (pape entre 590 et 604). Le roi du Kent se converti en 597 et le chef de cette mission d'évangélisation Augustin fonde en 597 l'évêché de Canterbury dont Augustin devient le 1er évêque
rôle assigné au roi dans la conversion de son peuple : la conversion royale permet une conversion par le haut de tout un peuple / effets politiques car la conversion permet de consolider le pouvoir royal.
comparaison à l'empereur Constantin, fondateur de l'empire romain chrétien au IVe s. Cette comparaison signale le prestige du modèle impérial et la légitimité politique dont les clercs créditent les rois barbares convertis au christianisme nicéen = catholicisme

Cette conversion n'est pas définitive car son fils déclenche en révolte païenne à son ascension. Les difficultés des modalités de conversion a entraîne la reprise du processus d'évangélisation par des moines d’Irlande → conflit entre les usages liturgiques romains et irlandais

  • 616(mort E) : suprématie au roi d'East-anglie, READWALD (mort en 626). La célèbre sépulture de sutton hoo, découverte en 1938 est probablement celle de Readwald. On y a retrouvé un navire de 27m de long contenant des armes d’apparat, des objets familiers et le trésor du défunt, une enseigne de cérémonie + spectre = regalia ? (insignes de la royauté) or ils ont été enterré donc le roi ne les a pas transmises à son successeur → semble indiquer que ce roi jouissait d'un statut purement personnel et intermittent → bertwalda ?
  • hégémonie du royaume de Mercie à partir de 670 + tout VIIIe s.

III) Le royaume lombard d'Italie

grande source sur l'histoire des lombards : Histoire des Lombards de Paul DIACRE (mort en 799)
il est issu d'une famille de lombards nobles + élevé à la cour de Pavie où il exerce des charges importantes. Abbaye du Mont Cassin. Il passe quelques années à la cour de Charlemagne.

  1. La conquête lombarde

au terme de la reconquête de Justinien, l’Italie redevient une province byzantine mais elle est ruinée et ne résiste pas à l'invasion lombarde 558-572

Lombards sont dirigés par le roi ALBOIN et occupent l’Italie du Nord mais ils échouent à constituer un royaume unifié sur tout l'espace italien.
Car :
-une partie du territoire reste sous contrôle Byzance (Venise, Ravenne, Rome + Milan et Pavie….)
- certains lombards se désolidarisent des troupes du roi Alboin et gagnent le sud où ils fondent les duché de Spolète et Bénévent.
- dans le nord, de puissants ducs s'installent dont le roi a peu d'influence → duchés quasiment autonomes

  1. L'essor de la royauté lombarde

l'institution royale n'est guère enracinée → le roi CLEPH, assassiné en 573, n'est pas immédiatement remplacé.
L' Italie est gouvernée par les ducs, la royauté est restaurée en 584 quand AUTHARI est élu par les ducs : il est élu pour son prestige familial, son succès en tant que ducs mais aussi sous la pression des circonstances (menace d'une attaque conjointe des francs + byzantins mais il parvient à les repousser)

Authari épouse THEODELINDE, chrétienne nicéenne jouissant d'un grand prestige et jouant un rôle important entre le pouvoir lombard et les élites catholiques
A la mort de Authari en 590, elle épouse de duc de Turin, AGILULF (590-616)
En 616, Theodelinde assure la régence au nom de son fils ADALOALD

Globalement dans les années qui suivent, tous les rois suivants sont apparentés à Théodelinde :

  • ROTHARI (536-652) : auteur de l’édit de Rothari de 643, constituant le premier code de loi du royaume lombard.
  • ARIPERT (653-661) proclame l'abandon du christianisme homéen mais le christianisme nicéen n'est pas pour autant définitivement adopté
  • seulement en 698 au concile de Pavie par le roi CUNIPERT.
  • En 680, Byzance signe une paix avec le royaume lombard reconnaissance de légitimité

le VIIIe s. = renforcement des structures politiques lombard (palais, admin, legislatives)

Apogée sous LIUTPRALD (713-744) qui possède une chancellerie dans la capitale de Pavie.
Les duchés sont désormais intégrés et il y place des proches
Cette unification territoriale et idéologique tardive ce qui explique que les lombards ne parviennent pas à se défendre contre les carolingiens 2e 1/2 VIIIe s. (Charlemagne prend le titre de roi des lombards en 774)

  1. Les principaux caractères de la royauté lombarde

aspect guerrier :
- le roi est élu par le peuple en armes
- la lance tenue par le roi symbolise l'aspect guerrier de la légitimité de son pouvoir
- l'assemblée qui ratifie les lois de Rothari = assemblée des lances

la justice :
- le roi lombard est soucieux de sa fonction judiciaire
- édit de Rothari : intentions de mettre fin aux violence et inaugure un ordre de justice
- composition pécunière * : vengeance ?

le rôle des reines :
- elles peuvent exercer et transmettre le pouvoir royal : Théodelinde ainsi que sa fille qui transmet le pouvoir à son 1er époux ARIOALD puis à son 2nd époux ROTHARI → unique à l'échelle des royaumes barbares














LA GAULE MEROVINGIENNE (VIe – VIIe s.)

I) Le pouvoir royal et les cadres de l'administration mérovingienne jusqu'en 614

  1. le pouvoir royal

c'est un pouvoir électif et dynastique
- les rois sont élus soit acclamé par l'assemblée des Grands = Plaid*
- ce sont toujours les fils ou frères du roi qui sont élus

La famille mérovingienne est créditée d'un charisme qui rend ces membres aptent à régner.
Les rois mérovingiens possèdent le mund* (capacité du chef à protéger les faibles)
ils se distinguent par une longue chevelure = rois chevelus = reges triniti ?

c'est un pouvoir censé garantir les relations entre le peuple et la sphère divine

c'est un pouvoir qui repose sur des liens interpersonnel et notamment sur la fidélité jurée
les fidèles : antrustions (garde rapprochée du roi + serment de fidélité très contraignant) + leudes

le pouvoir royal se mesure à sa capacité de créer un réseau de fidèles

C'est un pouvoir qui est ordonné à la paix et à la justice :

  • le roi est juge il entend régner par la loi. Le roi est le juge suprême des hommes libres mais il délègue ses pouvoirs judiciaires aux comtes, représentant locaux du roi dans les pagi* (pagus [sing])
  • dans le cadre de l'exercice de la justice, les comtes jugent avec des notables qu'ils désigent eux-même = rachimbourgs (hommes libres qui connaissent la loi et qui peuvent la préciser pour en combler les lacunes si nécessaire)
  • le tribunal = mallus (tribunal publique) est dirigé par le comte dans le pagus et le roi au palais
  • fondée sur le serment avec le recours à des cojureurs ou bien l'ordalie (=jugement de dieu).
  • Le tribunal impose la peine et le montant de l'amende de composition = wergeld (« prix de l'homme ») destiné à arrêter la vengeance de la famille d'une victime.
  • L'aristocratie pratique très largement la faide = vengeance privée
  • les lois barbares visent à contenir la violence et limiter la faide les codes de lois barbares sont d'abord des codes de droit pénal prévoyant une tarification minutieuse des amendes de composition. Ce sont aussi des codes de lois privées traitant du mariage, héritage…

  • le roi legislatif
  • les rois sont les garants de la paix et de l'ordre et à l'initiative de la rédaction des codes de lois. Mais les limites de l’application de la loi coïncide avec les limites du pouvoir royal la loi est un compromis entre le roi et l'aristocratie.
  • Avant 507, Clovis fait rédiger la loi salique qui soumets les francs à des normes juridiques écrites auxquelles Clovis donne force de loi.

  1. Les cadres de l'administration mérovingienne

l'idée romaine persiste d'une domination territoriale sur des populations soumises à la loi, à l'obligation militaire et à l’impôt.
Mais certaines structures romaines persistent :
- recours à l'écrit comme moyen de gouvernement
- impôt indirect sur la circulation des marchandises = tonlieux*
- impôt direct sur les personnes = caput* et sur les terres = iugum*
mais la résistance croissante de la population des cités dont les évêques, au 7e s, l’impôt direct n'alimente que partiellement le trésor royal
l'administration mérovingienne est loin d'avoir eu l'ampleur et le niveau de technicité de l'administration romaine.

a. le palais et l'administration centrale

palais = c'est le cœur du système l'administration mérovingienne. Structure itinérante qui suit le roi dans ses déplacements.

Autour du roi :
- 1er cercle : garde antrustions + « convives du roi » (ceux qui partagent le repas→ commensalité = amitié qui implique la reconnaissance du pouvoir et la solidarité dans l'adversité → liens personnels
- services de la cour : dans l'organisation administration, les fonctions domestiques et administratives sont souvent peu distinctes.
  • sénéchal : supervise les services domestiques du palais
  • camérier : sert le roi dans sa chambre mais aussi chargé de garder le trésor royal
    La fonction de camérier est typique de l'imbrication des fonctions domestiques et admin des fonctions privées et publiques.
    Trésor royal alimenté par le butin, les amendes de justices, revenus des biens royaux. C'est un moyen d'exercer le pouvoir et l'expression de la puissance royale.
    Ce trésor est conservé dans la chambre et suit le roi.
  • Maréchal : s'occupe des chevaux et dirige la cavalerie dans l'ost royal
  • maire du palais = mayor domus : chargé de l'approvisionnement de la table royale et supervise la gestion des domaines royaux
  • bureaux de la chancellerie : lieu où les actes royaux sont élaborés et d'où ils sont expédiés. Ils sont rédigés par des scribes mais l'auteur est le roi. Ils sont vérifiés et scellés au nom du roi par les référendaires
  • tribunal royal : où le roi rend la justice entouré des Grands. Le comte du palais peut le remplacer lors de son absence.

b. L'Administration locale

repose sur les comtes
- représentant direct du roi qui les nomme/révoque avec délégation du ban
- ban = pouvoir de juger, contraindre et punir.
- Le comte dirige un pagus/pagi dans lequel il exerce, au nom du roi, les différents pouvoirs régaliens : militaire, judiciaire et financier

  • militaire : comte lève l'ost et emmène les contingents d'hommes libres au rassemblement de mars = plaid
  • judiciaire : préside de mallus, assemblée des hommes libres et promulgue les jugements
    c'est une importante source de revenus car le comte perçoit une partie des amendes au titre de la rupture de la paix publique
  • financier : prélève les taxes

Source de la 2e moitié du VIIe s. : Formulaire de Marculf
- C'est un recueil de formules qui rassemble des modèles de chartes
- dans ce document, le roi délègue très clairement son propre pouvoir au comte
- le comte doit rapporter chaque année une certaine somme au roi

Sud de la Gaule : beaucoup de comtes sont issus des élites gallo-romaines ralliées aux Francs
Nord de la Gaule : issus des maires du palais → ce sont des fidèles du roi notamment des leudes

C'est l'importance des liens personnels qui permet la délégation des pouvoirs
le système d'administration franc repose sur la confusion entre fidélité privée et publiquement

Les comtes sont assistés par des centeliers ?

Repose sur les évêques :
- sont un relais politique de 1er ordre et « partenaires essentiels »
- VIe s. : issus de l'aristocratie gallo-romaine
  • anciens administrateurs laïcs (i.e grand-père de GdT)
  • jouent le rôle de médiateur entre la population de la cité et le roi
- fin VIe s. : augmentation de leur rôle VS comtes
  • sont désignés de plus en plus par les rois depuis le Concile d'Orléans de 511
  • « l'évêque ne peut être nommé sans l'autorisation royale »
- CLOTAIRE Ier (558-561) va jusqu'à désigner un évêque qui est son référendaire, évêque de Tours
- Edit de Clotaire II de 614 prévoit que les évêques puissent venir du palais
les évêques tendent à devenir de véritables agents royaux

La royauté et l'administration franque se sont appuyées autant que possible sur les cadres et la religion de l'empire. Les structures politiques franques constituent moins un prolongement romain que d'un système romano-franc.

II) L'émergence d'une royauté territoriale

1) Une royauté patrimoniale : les partages de 511 et 561

idée d'un royaume transmissible par héritage comme les biens privés

511 : Clovis organise le partage du royaume entre ses 4 fils comme s'il s'agissait d'un bien privé.
Ce partage exprime la conception patrimoniale du pouvoir.
Cette privation de la chose publique est une rupture considérable avec les structures romaines

511 :
- reconnaît le droit de tous les fils légitimes à régner
- 4 fils reçoivent chacun un royaume avec des leudes + part du Trésor + revenus royaux + cités
4 ensemble territoriaux se constituent
- L'Aquitaine n'est pas attribuée mais elle est divisée en 4 comme la Bourgogne
Fragmentation des régions conquise afin d'éviter la reconstruction régionale

Le partage n'exclus pas l'idée d'une communauté franque totale

558 : il ne reste plus que CLOTAIRE Ier suite à la mort de ses 3 frères

561 : mort de CLOTAIRE Ier
- SIGEBERT Royaume de l'Est
- GONTRAN → Burgondie
- CHARIBERT → Paris
- CHILPERIC → Soissons
L'Aquitaine est divisée entre Gontran et Charibert

567 : Mort de CHARIBERT → CHILPERIC s'empare de son royaume et l'Aquitaine est partagée en 3

3 ensembles territoriaux commencent à se dessiner dont la définition est de plus en plus territoriale et politique

Dans la 2e moitié du VIe s. : les 3 royaumes = tria regna commencent à porter des noms géographiques
- Ouest → NEUSTRIE
- Est → AUSTRASIE
- Burgondie → BOURGOGNE
Les capitales changent :
- Reims → METZ en Austrasie
- Orléans → CHALONS en Neustrie

3 gouvernements distincts

La formation de ses tria regna a été accéléré par la guerre civile

2) La faide royale ( 570-613)

faide royale = long conflit à l'origine duquel il y a le meurtre d'une princesse wisigothique, GALESWINTHE

566/7 : les 2 fils de CLOTAIRE Ier épousent des princesses wisigothiques, filles du roi ATHANAGILD
- 566 : SIGEBERT + BRUNEHAUT
- 567 : CHILPERIC + GALESWINTHE

v. 570 :
- FREDEGONDE, concubine et esclave de Chilpéric, fait assassiner Galeswinthe et épouse Chilpéric
- BRUNEHAUT entreprend de venger Galeswinthe
c'est le point de départ de la faide qui déchire le regnum francorum pendant 40 ans

570 - 575 : 1er guerre entre CHILPERIC et SIGEBERT qui s'achève avec l'assassinat de Sigebert par Chilpéric

575 – 592 : BRUNEHAUT a des difficultés à faire reconnaître son fils CHILDEBERT aux leudes austrasiennes. Elle demande de l'aide à GONTRAN
  • 577 : GONTRAN accepte d'adopter son neveu
  • 584 : assassinat de CHILPERIC
    FREDEGONDE demande vengeance. Elle fait appel à GONTRAN qui accepte d'adopter son neveu CLOTAIRE

En adoptant ainsi ses neveux, GONTRAN tente de stabiliser la situation tout en affirmant son hégémonie sur le Regnum Francorum

592 – 613 : mort de GONTRAN donc CHILDEBERT II recueille son héritage → il devient roi d'Austrasie et de Neustrie
  • 596 : mort de CHILDEBERT II 2 fils (8 et 9 ans) sous la régence de BRUNEHAUT
  • 600 : FREDEGONDE + CLOTAIRE II tentent d'étendre le pouvoir mais il perd une partie du royaume.
    Retournement de situation permet à CLOTAIRE II de reprendre le pouvoir sur l'ensemble du regnum francorum
  • 613 : BRUNEHAUT est assassinée

fin de la faide royale qui s'est transformée en guerre civile à cause du statut des protagonistes
Le Regnum Francorum est réunifié mais le conflit à accélérer la territorialisation du pouvoir, l'enracinement locale des aristocrates et le renforcement de l'identité régionale

consolide les tria regna de manière considérable

III) L'apogée de la royauté mérovingienne (613-639)

CLOTAIRE II (613-629) DAGOBERT (629-639)

1) L'unité franque et la diversité régionale

Source : Edit de Clotaire II en 614 lors d'une assemblée à Paris des évêques, comtes et des Grands des tria regna
But : restauration de l'ordre et la paix suite à la faide royale
thèmes : il concerne l’Église et la justice + le roi reconnaît les privilèges des églises et des Grands
  • art 12 : les comtes doivent être affectés dans leurs régions d'origine = entériner la territorialisation régionale mais il vise à rendre les comtes et les évêques responsables sur leurs propres biens.
    compromis avec les Grands car ils reconnaissent aussi le pouvoir royal

De ce fait, les règnes de CLOTAIRE II et DAGOBERT sont symbole d'équilibre car ils ont la volonté de concilier l'unité du royaume et respect des autonomies régionales

623 : l'aristocratie austrasienne réclame un roi qui lui soit propre. CLOTAIRE II désigne son fils DAGOBERT comme roi d'Austrasie sous l'autorité de son père et avec l'aide des principaux chefs de l'aristocratie austrasienne
  • ARNOULD (640/1) : grand fonctionnaire de la cour austrasienne – possède plusieurs domaines entre la Moselle et la Meuse – il devient évêque de Metz après la victoire de CLOTAIRE II en 613
  • PEPIN DE LANDEN (640) = Pépin l'Ancien : issu de grande famille PIPPINIDE – possède plusieurs domaines au nord des Ardennes – fort réseaux d'alliance aristocratiques – commence à jouer un rôle politique 613 : maire du palais d'Austrasie

629 : CLOTAIRE II donc les austrasiens n'ont plus de roi car DAGOBERT retourne en Neustrie et il emmène Pépin avec lui.

La Neustrie devient le cœur du royaume des Francs

633 :
- les Francs connaissent des revers face aux SLAVES
- DAGOBERT cède à l'aristocratie et nomme SIGEBERT, roi d'Austrasie avec pour précepteur OTTON
- OTTON appartient à un clan ennemi des PIPPINIDES = clan des AGILOLFIDSES
volonté royale de maintenir l'équilibre entre les différents groupes aristocratiques

Système d'association au pouvoir :
- en 623 quand DAGOBERT est envoyé en Austrasie
- en 633 quand SIGEBERT est envoyé en Austrasie

Ce système est repris par les carolingiens

système d'association = unité + diversité

La politique royale d'équilibre entre les différentes forces aristocrates en présence n'affecte pas leur puissance.
Après 633, les PIPPINIDES restent très puissants et leur influence augmente notamment avec le mariage décisif pour l'avenir de ce groupe famillial
fille de Pépin = BEGGA + fils de Arnould = ANSEGISEL

2. L'évolution de l'idéologie royale : un roi chrétien, juge et législateur

fin VIe s. : synthèse romano-franque toujours à l’œuvre mais la composante chrétienne prend une importance décisive.
En 321 : une nouvelle définition religieuse s'impose notamment à cause de l'influence croissante des classes et des rois bibliques. C'est un courant d’exaltation religieuse.

Fortuna de Ravenne du milieu du VIe siècle montre des modèles de rois bibliques.

glissement vers des régences du modèle impérial au modèle biblique
  • le roi est considéré comme le ministre de dieu qui doit conduire le peuple vers le salut
    faire triompher le christianisme grâce aux interprêtres de la volonté divine
  • Sous le PAPE GRÉGOIRE LE GRAND (590-604), le pontificat a écrit plusieurs lettres à ce sujet
    ce pouvoir a aussi des limites, des devoirs envers l’Église

en 332 : le roi est considéré comme juge et législateur
  • le roi est juge suprême, il exerce son pouvoir en promulguant des lois à valeur générale.
  • Les décisions sont prises à l'issue de concile notamment entre 626-636 à Clichy
  • concile = grande assemblée public autour du roi qui légifère aussi en matière ecclésiastique
    CLOTAIRE II décide que l'évêque peut-être désigné par le roi en 613
  • Les affaires des laïcs et des ecclésiastiques sont impliqués dans la royauté chrétienne du Haut Moyen-Age

751 : dernier roi des Francs avec Pépin le Bref
il va être sacré 2 fois empereur
apparition d'une nouvelle royauté et d'une nouvelle dynastie





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