Chapitre
2 / 1er MINISTRE, PARLEMENT, GOUVERNEMENT : LES EQUILIBRES DE LA
Ve REPUBLIQUE
art
20 : « le gouvernement détermine et conduit la
politique de la Nation, il dispose de l'administration et de la force
armée, il est responsable devant le Parlement »
gouvernement
= 1er ministre + ministre
or
c'est souvent le Président qui prend des décisions
art
8 : « Le Président de la République nomme le 1er
ministre, il met fin à ses fonctions, il nomme les autres membres du
gouvernement et met fin à leurs fonctions »
art
24 : « Le Parlement contrôle l'action du
gouvernement et le même Parlement peut voter une motion de censure
contre ce dit gouvernement »
Parlement
= Assemblée Nationale (direct) + Sénat (indirect)
Comment
évoluent les équilibres entre les différents pouvoirs ?
-
Le moment d'équilibre (1958-1981)
-
Sous la Présidence de Charles De Gaulle : une présidence incontestée ?
-
Globalement
le Président est incontesté sous CDG
Il
s'appuie sur des 1er ministres qui sont des fidèles comme J.L.DEBRE
et G.POMPIDOU
Il
y a peu de remaniement ministériel :
-
Maurice COUVE DE MURVILLE (1958-1968) : ministre des aff. étrangères pendant 10 ans
-
Pierre MESSMER (1960-1969) : ministre des armées pendant 9 ans
Crise
de 1962 entre l'exécutif et le législatif
-
proposition de la révision de la Constitution par CDG → fronde du Parlement contre CDG
-
Gaston MONNERVILLE (forfaiture)
-
rétablissement du pouvoir du Président lors de référundum ou d'élections
-
Sous la Présidence de G.Pompidou : la centralisation du Président confirmée
G.Pompidou
devient Président en 1969 et nomme Jacques
CHABAN-DELMAS 1er ministre or très rapidement
ces 2 personnalités n'ont pas la même lecture de la Constitution
Pompidou
→ le centre du pouvoir à l'Elysée (soit Président)
Delmas
→ le centre du pouvoir à MATIGNON
(soit 1er ministre)
Pendant
la présidence de CDG, Delmas a été Président de l'Assemblée
Nationale et n'a jamais fait partie du gouvernement donc il est
plus du côté du législatif que de l'exécutif. Il est
également ministre pendant la IVe République → vision de
Matignon
Il
vient du centre gauche et est conseillé par Jacques
DELORS qui a une vision gauchiste du pouvoir
donc critique le pouvoir trop puissant du Président
→
dysfonctionnement
Dès
la présentation du nouveau gouvernement devant l'Assemblée
Nationale pour faire le discours
de politique générale * en septembre 1969
intitulé la « Nouvelle Société », globalement
G.Pompidou n'est pas en désaccord. Or avant de prononcer son
discours, Delmas n'a pas faire lire
son texte au Président → c'est le seul auteur du discours, pas de
validation du Président
Delmas
se rend compte de son erreur et multiplie les proclamations en faveur
de Pompidou
→
fragilité
dans le dispositif dyarchique (=
2 pouvoirs différents) opposant le Président et le 1er ministre.
Malgré tout la centralité du pouvoir du Président est confirmée.
-
Sous la Présidence de Valérie Giscard D'Estaing : un conflit ouvert entre le Président et son 1er ministre
Divergences
apparaissent entre VGD et Jacques CHIRAC entre 1974 et 1976
Deux
camps différents cohabitent au sein du gouvernement : droite
gaulliste VS droite libérale
droite
gaulliste : J.Chirac est entouré de conseillers très
conservateurs comme Pierre JUILLET
et Marie-France GARAUD qui
lui recommande de quitter le gouvernement et Jacques
CHIRAC démisionne le 26 aout 1976. il intervient devant
la presse et explique « je ne dispose pas des moments que
j'estime aujourd'hui nécessaire pour assurer efficacement mes
fonctions de 1er Ministre »
→
c'est
une attaque pour la 1er fois du Président
Cette
dyarchie présente des fragilités importantes
Nomination
d'un nouveau 1er ministre = Raymond
BARRE (1976-1981)
Les
gaullistes font toujours partie de la majorité mais ils s'opposent
au gouvernement
-
Raymond Barre lance le plan Barre que les gaullistes critique
-
le gouvernement est contraint à plusieurs reprises de faire passer des textes de lois en force grâce à l'art 49.3 → permet au gouvernement de peser pour faire passer un texte
Jacques
CHIRAC fonde un nouveau parti gaulliste en 1976
nommé Rassemblement
Pour la République = RPR
Valérie
GISCARD D'ESTAING forme l'Union
pour la Démocratie Française = UDF
→
les
tensions sont assez vives lors des élections législatives de 1978
et celles de 1979
En
1979, c'est la 1er x que les citoyens européens sont
appelés à nommer directement leurs députés européens →
Chirac attaque violemment la politique de VGD = « appel
de Cochin »* dans laquelle il attaque la
politique internationale et européenne en employant le terme de
« parti de l'étranger »
= intérêt de l'Europe avant celui de la France
-
Des équilibres déréglés
-
L'épreuve de la cohabitation
-
MITTERAND
élu sur une politique de relance
par opposition à une politique d'austérité pour répondre à la
crise économique due au choc pétrolier en 1973.
→
Cela
ne marche pas : le chômage ne
s'abaisse pas, le déficit budgétaire augmente considérablement
Autres
politiques à partir de 1983 : le tournant de la rigueur
mécontente le socialisme → ils rencontrent plusieurs échecs
électoraux notamment en 1986 avec les nouvelles élections
législatives
Édouard
BALLADUR (homme de droite, secrétaire général de
l'Elysée) est un des premiers à évoquer la cohabitation.
→
article
dans Le Monde : « rien ne s'oppose à ce qu'il y
est un président d'une tendance et un premier ministre d'une autre
tendance »
Raymond
BARRE s'oppose à la possibilité d'une cohabitation :
cela poserait un problème en affaiblissant le pouvoir du
Président de la République
Il
évoque 1969 où DG organise un référendum
sur la régionalisation → il démissionne à cause du
NON : si les français ne votent pas socialiste au
législative donc le président
doit démissionner
Le
Président MITTERAND prend la parole : il a été élu pour 7
ans qu'il fera en entier
Quoiqu'il
arrive, il n'exercera pas de « présidence au rabais » =
même si la majorité passe à
droite, il sera président de la République à 100 %
Coalition
entre RPR* et UDF*
A
partir 1986, on entre dans une période
inédite de cohabitation
-
la Constitution ne prévoit pas les équilibres à
mettre en place la cohabitation
-
elles doivent être mises en place par le Président et le Premier
Ministre
-
le Premier Ministre doit être de
droite
notion
de censure = vote des députés qui fait tomber le
gouvernement
Le
Président dit qu'il veut rester maître de la nomination du
Premier Ministre
-
juste avant l'élection, Mitterand déclare « le président
de la République nomme qui il veut […] personne ne désignera le
Premier Ministre à ma place, croyez-moi »
→
il
est hors de question de revenir aux règles de la IVe République
→
il
choisit son 1er ministre Jacques
CHIRAC en 1986
Répartition
des rôles entre le Président et le Premier Ministre :
-
selon CHIRAC, « les règles de notre constitution et la
volonté du peuple français doivent être respectées »
→
politique
de droite donc le gouvernement va primer sur le Président
-
« Le gouvernement dirigé par le Premier Ministre détermine
et conduit la politique de la nation » (Chirac)
→
c'est
d'abord au gouvernement d'affirmer la politique souhaitée par la
majorité de droite
-
Mitterand explique qu'il
faut respecter la Constitution : « la
Constitution, toute la constitution, rien que la constitution »
Finalement,
pendant 2 ans (entre 1986 et 1988) pour la 1ère fois de
l'histoire de la Ve République, l'essentiel
du pouvoir a été à Matignon (pas Elysée) mais le Président
a toujours du pouvoir → création des divergences au sommet de
l'état
→
Principe
dyarchique = 1er Ministre + Président en même
temps et ils ont des divergences
Divergences
entre Premier Ministre et Président
-
lorsqu'il y a un nouveau gouvernement : le Conseil
des Ministres se rassemblent → réalisation d'une photo
avec le Président, Premier Ministres et les Ministres → Mitterand
refuse au départ
-
questions sociales : Mitterand dit qu'il s'opposera aux
textes qui seraient contraire au progrès social
→
Mitterand
ne signera pas les ordonnances si elles sont contraires au progrès
sociales
-
Chirac donne campagne sur le thème des privatisations :
la vente d'entreprises publiques + possibilités pour des capitaux
privés d'entrer dans le capital d'entreprises qui appartiennent à
l'état
→
Mitterand
explique que s'il y a des privatisations qui sont contraires au
progrès social alors il s'y opposera
(pour
faire passer une loi, 2 possibilités : lois votées à
l'Assemblée → pas d'opposition du Président – ou par
ordonnance, moins puissant qu'une loi mais pas besoin d'être voté à
l'Assemblée, uniquement signé par le Président et le Premier
Ministre ainsi que les ministres concernés)
→
le
rôle du Président est très ambiguë, la majorité est à droite et
la gauche dans l'opposition
→
impression
que le Président devient le chef de l'opposition
Exemples
du comportement de chef de l'opposition :
-
le gouvernement de Chirac veut supprimer
en 1986 la loi sur l'autorisation administrative de licenciement
→
quand
un grande entreprise veut faire un plan social et supprimer des
emplois, il faut demander avant l'autorisation à l'administration
→
le
Président s'y oppose et désapprouve
-
en 1986 : projet de loi présenté par le gouvernement à
l'Assemblée Nationale = projet Devaquet
(DEVAQUET,
ministre de l'enseignement supérieur)
→
réforme
de l'université qui introduirait une sélection à l'entrée
→ manisfestation des étudiants
→
Mitterand
se dit « sur la même longueur d'onde que les lycéens et
étudiants »
→
abandon
de la loi
-
en 1987 : grève des cheminots,
Mitterand reçoit une déléguation des cheminots grévistes à l'
Elysée et se place à leur côté
c'est
une attitude qui plaît aux français et marche dans les sondages.
Cote de popularité qui remonte. Alors qu'il a moins de pouvoirs
qu'avant, la fonction présidentielle continue à apparaître comme
quelque chose d'important
Mauvais
ou bon pour les institutions ?
Finalement
pendant 2 ans, la France a vécu dans une sorte de campagne
électorale permanente avec la confrontation entre chef de
l'opposition et le chef de la majorité. La finalité est
l'affrontement entre les 2 candidats lors des élections de 1988.
Ambiguïté
continue de marquer cette élection : pendant le débat
télévisé de 1988, Mitterand continu d'appeler Chirac
« Monsieur le Premier Ministre » montrant la violence de
l'opposition
→
réélection
de Mitterand = fin de la cohabitation
2e
cohabitation = 1993-1995 → Président Mitterand + Premier Ministre
BALLADUR
3e
cohabitation = 1997-2002 → Président Chirac + Premier Ministre
JOSPIN
Les
institutions créées par De Gaulle ont survécu mais ont été
déréglées car elles n'avaient pas été prévues pour la
cohabitation
-
L'impact du quinquennat
Dès
la campagne présidentielle de 1995, il est question
de changer les institutions pour éviter que se reproduise la
situation de cohabitation.
C'est
le candidat socialiste JOSPIN
qui évoque ce changement des institutions en proposant une réforme
de la durée du mandat présidentiel : il
faut moderniser la vie politique française → 7 ans c'est trop long
Proposition
enterrée mais qui va revenir en 1997 pour des raisons qui
semblent obscurs, CHIRAC
décide de dissoudre l'Assemblée Nationale.
Il
espère qu'il y aura à nouveau la majorité à droite
La
gauche gagne les législatives = gauche
plurielle (alliance entre le PS, PCF et les Verts)
→
nouveau
gouvernement nommé avec JOSPIN à sa tête, on entre dans la période
de la 3e cohabitation
Jospin
évoque à nouveau la possibilité de la réforme.
Il
propose l'organisation du référendum en 2000, le
quinquennat
et adopté et doit s'appliquer à la prochaine élection en 2002
C'est
un projet de modernisation des institutions à l'origine mais l'effet
réel du quinquennat est qu'il a transformé en profondeur l'esprit
des institutions de la Ve République
Le
quinquennat + modification du calendrier des élections = changement
majeures
Désormais
l'Assemblée Nationale serait
élue 2 mois après le Président
Pendant
la même année, les français élisent le président puis leurs
députés
Très
forte chance qu'ils soient de la même tendance : élimine la
possibilité d'une cohabitation
Paradoxalement,
alors que Jospin veut la modernisation, les pouvoirs du président
sont renforcés et il devient une sorte de chef du gouvernement
.
Si
les choses se passent mal alors c'est systématiquement de la cause
du Président → beaucoup plus puissant mais aussi beaucoup plus
fragile
Le
fait que la Ve République soit toujours en place aujourd'hui laisse
voir que la Constitution est assez souple et adaptable selon les
différentes situations. Mais cela pose quand même le problème de
dérèglement des institutions à cause des aléas politiques mais
aussi des transformations de la Constitution, des révisions
constitutionnelles qui ont déstabilisé l'ensemble construit à
l'époque de De Gaulle
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